La Corée du Nord menace de procéder à un nouvel essai nucléaire

Si l’on en croit les experts sud-coréens, la fusée lancée par Pyongyang en décembre dernier était bel et bien un test déguisé de missile intercontinental d’une portée théorique de 10.000 km, réalisé avec certains composants obtenus en Chine ainsi que dans 4 pays européens qui n’ont pas été précisés pour « des raisons diplomatiques ».

En tout cas, essai de missile ou lancement d’une fusée, cela ne change pas le fond du problème, étant donné que ces activités utilisent des technologies communes et que, pour cette raison, elles sont interdites à la Corée du Nord par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Justement, ce dernier a donc rappelé Pyongyang à ses obligations en adoptant à l’unanimité la résolution 2087, laquelle « condamne le tir » effectué le 12 décembre dernier par la Corée du Nord « en recourant à la technologie des missiles balistiques. » En cas de nouvelle infraction, le Conseil de sécurité s’est déclaré « résolu à prendre des mesures décisives. » En outre, de nouvelles sanctions ont été prononcées à l’égard du Comité coréen pour la technologie spatiale et 5 banques ou entreprises nord-coréennes.

Ce texte a fait l’objet de tractations entre la Chine et les Etats-Unis, ces derniers, soutenus par le Japon et la Corée du Sud, souhaitant sanctionner plus sévèrement encore la Corée du Nord. Finalement, l’alliée du régime de Pÿongyang a consenti à voter une résolution en lieu et place d’une simple déclaration, de portée moindre, à la condition qu’il n’y ait pas de nouvelles sanctions mais seulement un élargissement des précédentes.

Seulement, cette nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ne semble faire ni chaud ni froid à Kim Jung-un, le chef du régime nord-coréen. Et on le voit mal décider d’arrêter son programme balistique étant donné qu’il vient de rebaptiser son peuple les « conquérants de l’espace. » Mieux même : en réponse, Pyongyang a menacé de transgresser davantage les interdits en réalisant prochainement un troisième essai nucléaire, après ceux de 2006 et 2009.

Dans un premier temps, et quelques heures après l’adoption de la résolution 2087, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a indiqué que Pyongyang allait « prendre des mesures concrètes visant à étendre et renforcer nos forces militaires d’autodéfense, y compris la dissuasion nucléaire. »

Puis, la commission nord-coréenne de défense, l’organe militaire suprême du pays, est allée encore plus loin. « Nous ne cachons pas le fait que les divers satellites et fusées de longue portée que nous tirerons et l’essai nucléaire de haut niveau auquel nous procéderons visent les Etats-Unis », a-t-elle fait savoir, par l’intermédiaire d’une déclaration diffusée par l’agence de presse officielle KCNA.

D’après les services de renseignement sud-coréens, ainsi que l’institut américano-coréen de l’université Johns Hopkins, qui s’appuient sur des images satellites, la Corée du Nord serait prête à réaliser son troisième essai nucléaire, propablement avec de l’uranium hautement enrichi. Quand pourrait-il avoir lieu si c’est effectivement le cas? Certains pensent qu’il pourrait coïncider avec la date retenue pour l’entrée en fonctions, le mois prochain, de Park Geun-hye, la nouvelle présidente sud-coréenne ou de la date anniversaire de la naissance, le 16 février, de Kim Jong-il, le défunt chef du régime de Pyongyang.

A Washington, l’on a dénoncé une « provocation inutile », en soulignant qu’un nouvel essai nucléaire serait une  » sérieuse violation des sanctions des Nations Unies et isolerait davantage encore » la Corée du Nord. Et le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a assuré que les Etats-Unis sont « pleinement préparés pour faire face à un tel test ».

Mais l’attitude nord-coréenne commence, semble-t-il à agacer Pékin, où, dans un premier temps, le ministère des Affaires étrangères avait appelé « toutes les parties concernées » à « garder leur calme » et à « rester mesurées dans leurs propos et leurs actions ».

« Si la Corée du Nord se livre à de nouveaux essais nucléaires, la Chine n’hésitera pas à lui réduire son aide », est-il ainsi affirmé dans un éditorial du Global Times, un journal officiel chinois. « Laissons donc la Corée du Nord à sa ‘colère' » ajoute le quotidien, pour qui « la Chine doit réduire ses attentes quant aux effets de ses stratégies envers la péninsule », étant donné que l' »on s’éloigne davantage de l’objectif de (sa) dénucléarisation » et qu' »il n’y a plus moyen pour nous de rechercher un équilibre diplomatique » entre les Séoul, Tokyo, Washington et Pyongyang.

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