La piraterie maritime a moins le vent en poupe

La Somalie n’est plus le principal foyer de la piraterie maritime. Selon les chiffres publiés la semaine passée par le Bureau Maritime International (BMI), c’est désormais l’Indonésie qui a compté le plus d’attaques de navires. Le nombre de ces dernières y a ainsi doublé par rapport à l’année précédente, passant de 41 à 81.

Pour la Somalie, en revanche, l’action conjuguée des forces navales étrangères déployées au large de ses côtes, les mesures de sécurité passives ainsi que la présence d’équipes de protection à bord des navires de commerce ont fait que le nombre d’attaques pirates est passé de 237 constatés en 2011 à 75 pour l’année 2012

Globalement, la piraterie maritime est en net recul; avec un total de 297 attaques contre 439 constatées l’année précédente. Conséquence : il y a moins eu de marins retenus en otage. Le BMI en a en effet recensé 585 contre 802 l’année précédente. Si ces résultats sont dus pour une bonne part à la Somalie, il n’en reste pas moins que l’évolution du phénomène est encore préoccupant pour plusieurs autres régions du globe.

Ainsi, l’Afrique dans son ensemble connaît encore un nombre élevé d’actes de piraterie, la baisse constatée en Somalie et dans le golfe d’Aden étant compensée en partie par une hausse continue des incidents dans le golfe de Guinée. Qui plus est, les pirates qui sévissent dans cette région sont particulièrement violents et le risque est qu’ils étendent leur zone d’opérations du Nigéria, là où ils sont actuellement les plus actifs, vers le Bénin et la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, un pétrolier nigérian battant pavillon panaméen a été l’objet d’une attaque, le 21 janvier, au large du port d’Abidjan.

En Indonésie, les actes de piraterie ont augmenté sans commune mesure en l’espace d’un an et a priori, cette tendance n’est pas prête de s’inverser étant donné qu’elle est à la hausse depuis 2009.

Pour autant, si la piraterie a moins le vent en poupe au large des côtes somaliennes, il n’est pas question de réduire les forces navales étrangères qui patrouillent dans le golfe d’Aden et l’océan Indien. « La présence continue de la marine est essentielle pour veiller à ce que la piraterie somalienne reste faible. Ces progrès pourraient facilement être renversés si les navires de guerre étaient retirés de la zone » a ainsi expliqué le capitaine Pottengal Mukundan, directeur du BMI.

« Je suis convaincu que si nos bâtiments disparaissaient, le modèle de piraterie serait intact », avait affirmé, en décembre dernier, le contre-amiral néerlandais Ben Bekkering, alors qu’il venait de céder le commandement de l’opération Ocean Shield, menée sous l’autorité de l’Otan.

Cela étant, même si les actes de piraterie sont en baisse sensible au large de la Somalie, certains opérateurs privés estiment que cette tendance pourrait s’accentuer davantage. C’est du moins le constat fait par la compagnie britannique Typhon, qui compte lever une « armée privée » pour lutter contre les pirates somaliens.

« Ils ne peuvent pas faire le travail car ils manquent de budget. Dépenser un million de livres en navires de guerre pour combattre cinq hommes avec des équipements à 500 dollars n’est pas rentable », a ainsi expliqué Anthony Sharp, le directeur général de cette société, à propos des forces navales qui croisent au large de la Somalie.

Cette flotte privée, qui doit voir le jour dans quelques mois, comptera d’anciens militaires dans ses rangs. Financée par le Simon Murray, un homme d’affaires passé par la Légion étrangère aujourd’hui président du conseil de Glencore, un courtier en matières premières, elle disposera d’un navire amiral de 10.000 tonnes et battant pavillon britannique ainsi que des bateaux de patrouille blindés et capables de naviguer à grande vitesse.

Parmi ses conseillers, l’on trouve notamment d’ancien hauts responsables militaires ayant été en poste à l’Otan, comme le général Sir Jack Deverell, ancien commandant des forces alliées en Europe du Nord ou encore l’amiral Harry Ulrich, ex-chef de l’US Naval Forces en Europe.

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