Le Canada sollicite 5 constructeurs pour remplacer ses avions CF-18

Normalement, les forces aériennes canadiennes auraient dû être dotées de 65 avions F-35, en cours de développement chez le constructeur américain Lockheed-Martin, pour remplacer leurs CF-18. Seulement, ce choix, fait sans appel d’offres, a été dès le départ fortement critiqué par l’opposition au gouvernement conservateur emmené par Stephen Harper, notamment en raison de son coût, par ailleurs sous-estimé.

Pour autant, la décision d’acquérir des F-35 pour un montant de 8 milliards de dollars (prix qui ne comprenait pas la maintenance des appareils) faisait sens dans la mesure où des entreprises canadiennes étaient impliquées dans le programme mené par Lockheed-Martin, qui plus est financé à hauteur de 168 millions de dollars par Ottawa.

Quoi qu’il en soit, et devant les surcoûts liés aux retards pris dans le développement de l’avion américain, la polémique a fini par remettre en cause le choix du F-35, suite à deux rapports qui ont donné raison aux opposants à cette acquisition.

Tout d’abord, le Vérificateur général du Canada, dans une note publiée en avril 2012, a avancé que les retombées économiques attendues avec le choix du F-35 n’avaient pas fait l’objet d’une évaluation indépendante et que les coûts de maintenance étaient quasiment le double de ceux annoncés. Puis, une étude réalisée par le cabinet KPMG, à la demande du gouvernement canadien, a estimé que les coûts complets sur l’ensemble du cycle de vie de l’avion de combat américain allaient atteindre les 46 milliards de dollars. D’où la décision de revenir sur cet achat et d’ouvrir un appel d’offres.

Ainsi, d’après l’agence de presse QMI, le ministère canadien des Travaux publics, qui, aussi bizarre que cela puisse paraître, est en charge de ce dossier, a sollicité 5 constructeurs aéronautiques pour leur demander de lui envoyer des propositions.

« Un élément clé de cette démarche est une analyse du marché des avions de chasse actuellement en production ou qui devraient être mis en production » a expliqué Mme le-ministre Michelle d’Auray, dans un courrier envoyé le 27 décembre dernier aux industriels concernés. « La participation de votre entreprise aidera grandement le gouvernement du Canada dans son évaluation des options pour un avion de combat de remplacement », a-t-elle ajouté.

Sans surprise, les constructeurs contactés sont Boeing, pour le F-18 Super Hornet, Dassault Aviation, pour le Rafale, le consortium Eurofighter pour le Typhoon, Saab pour le Gripen et Lockheed-Martin, pour le F-35. L’on retrouve ainsi les principaux acteurs des récents appels d’offres, à l’exception des avionneurs russes qui, de toute façon, n’auraient eu aucune chance de s’imposer au Canada.

Reste à voir maintenant si les industriels européens vont répondre à la demande d’Ottawa. Généralement, le marché militaire canadien est une « chasse gardée » des Etats-Unis, même s’il est arrivé que certains contrats leur échappent, notamment dans le domaine des véhicules blindés (chars Leopard d’origine allemande par exemple, ou encore les Bv206 du suédois Hägglunds).

Cela étant, l’Aviation royale canadienne a l’habitude des matériels d’origine américaine pour des raisons d’interopérabilité. Aussi, les chances de voir un appareil européen s’imposer, même s’il est au standard Otan, sont minces. Aussi, le favori devrait être le F-18 Super Hornet.

D’ailleurs, son constructeur a été le seul à réagir après avoir été sollicité par le gouvernement canadien. « Boeing est impatient de participer au processus pour le remplacement des CF-18 », a fait savoir Philip Carder, un porte-parole de l’avionneur. « Le Super Hornet offre un prix, une capacité et des habiletés inégalés. Ses coûts de production et l’horaire de livraison sont bien établis » a-t-il déjà fait savoir.

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