Pentagone : Le successeur de Leon Panetta est plus difficile à trouver que prévu

Qui va succéder à Leon Panetta, l’actuel secrétaire américain de la Défense? Parmi les noms avancés au lendemain de la réélection de Barack Obama à la Maison Blanche, un revient avec insistance : celui de Chuck Hagel, l’ancien sénateur du Nebraska..

Plusieurs raisons plaident en ce sens : venu des rangs du Parti républicain, le président Obama rééditerait le coup qu’il avait fait en 2008, en maintenant à son poste Robert Gates, qui avait servi l’administration de George W. Bush.

Professeur à l’Université de Georgetown, Chuck Hagel co-préside l’Intelligence Advisory Board, le comité chargé de conseiller la Maison Blanche en matière de renseignement. Qui plus est, cet ancien sénateur de 66 ans, est un vétéran médaillé de la guerre du Vietnam. Le profil presque idéal pour le poste.

Seulement, contrairement à John Kerry, dont la nomination à la tête de la diplomatie américaine a été confirmée, Chuck Hagel est loin de faire l’unanimité. Conservateur sur les questions de société (il lui a été reproché des propos tenus à l’égard d’un candidat à une embassade, l’estimant « ouvertement et agressivement homosexuel »), il rejoint l’aile gauche du Parti démocrate en matière de politique internationale. Ainsi, pour ce concerne le dossier du nucléaire iranien, il a refusé de voter des sanctions contre Téhéran et s’oppose à une éventuelle intervention militaire, pourtant brandie comme une menace par Israël.

C’est justement ses prises de positions à l’égard de la politique menée par l’Etat hébreu qui lui valent le plus de critiques de la part de sans anciens « amis » du Parti républicain et du lobby pro-israélien de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), certains étant allé jusqu’à le qualifier d' »antisémite ».

En 2000, il avait l’un des rares sénateurs américains à refuser de signer une motion de soutien à Israël lors de la seconde Intifada tout en soutenant l’idée de négociations avec le Hamas. Six ans plus tard, il a appelé l’Etat hébreu à se retirer du plateau du Golan , de Cisjordanie et d’une grande partie de Jérusalem, y compris du quartier du Mur des Lamentations. En outre, Chuck Hagel n’a pas souhaité que les Etats-Unis fassent pression sur l’Autorité palestinienne pour que cette dernière écarte les groupes considérés comme terroristes des élections législatives.

Sur la situation au Liban, l’ex-sénateur du Nebraska s’est une nouvelle fois opposé à la politique israélienne, fustigeant la guerre contre le Hezbollah, organisation qu’il a refusé de qualifier de terroriste, en accusant Tel-Aviv de « détruire systématiquement un ami américain – le pays et le peuple du Liban. »

« Je suis un sénateur des États-Unis. Je soutiens Israël. Mais j’ai prêté serment à la constitution des États-Unis. Pas à un président. Pas à un parti. Pas à Israël » avait-il fait valoir, lors d’un entretien accordé en 2008 à la presse.

Et, pour faire bonne mesure, Chuck Hagel, qui a pourtant voté en faveur de la guerre en Irak, bien qu’il ait fustigé la façon dont elle a été menée par la suite, est favorable à une baisse des crédits du Pentagone. Ses partisans estiment que cet ancien sergent est surtout capable de tenir tête aux généraux de l’état-major américain… Ce qui risque de faire quelques étincelles.

Quoi qu’il en soit, si le président Obama maintient l’idée de nommer Chuck Hagel à la tête du Pentagone, il faudra à ce dernier passer l’obstacle du Congrès. Et là, personne ne va lui faire de cadeaux. Le cas échéant, le choix du successeur de Leon Panetta pourrait se faire entre Michele Flournoy (ce qui serait une première pour une femme outre-Atlantique) et Ashton Carter, les deux étant des habitués de la « maison » puisqu’ils y exercent dejà des responsabilités.

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