Les forces armées britanniques devront encore faire un effort budgétaire

La situation économique du Royaume-Uni ne s’améliore aussi vite que l’avait espéré le gouvernement de David Cameron. « Cela prend du temps, mais l’économie britannique guérit » a toutefois affirmé George Osborne, le chancelier de l’Échiquier (ministre en charge des finances, ndlr), au Parlement de Westminster, le 5 décembre dernier.

Les prévisions n’incitent guère à l’optimisme. Ainsi la croissance de l’économie britannique devrait être négative (-0,1%) pour 2012 et elle devrait atteindre 1,2% l’an prochain, ce qui est bien en-deçà des 2% initialement escomptés. L’inflation (+3,2% en octobre) est plus forte qu’attendu, les faillites d’entreprises du secteur industriel restent à niveau élevé, faute de crédits accordés par les banques, les exportations sont moroses malgré la faiblesse de la livre sterling et l’investissement recule.

Et les objectifs affichés lors de l’annonce des mesures d’austérité prises en 2010 ne sont pas au rendez-vous, la dette ne devant pas commencer à diminuer par rapport au PIB avant 2016. D’où l’annonce, la semaine passée, par le chancelier de l’Échiquier de nouvelles mesures qui vont prolonger la cure d’austérité imposée au royaume pour la période 2013-2015.

Ainsi, le gouvernement britannique a décidé de geler, voire de réduire, les prestations sociales et d’accentuer la lutte contre l’évasion fiscale, avec des inspecteurs supplémentaires pour traquer les fraudeurs du fisc et récupérer 5 milliards cachés dans des comptes bancaires en Suisse. La dépense publique devrait encore diminuer de 3,4 milliards de livres sur la période considérée.

Déjà affecté par une baisse de 8% de ses crédits à partir de 2010 et de la publication du Strategic Defence and Security Review (SDSR), le ministère britannique de la Défense (MoD) devra faire un effort supplémentaire. Son budget baissera de 1% en 2013, puis de 2% l’année suivante, où il s’élevera à 33,5 milliards de livres, contre 34,3 milliards actuellement. Ce qui représente une baisse totale de 735 millions, soit près d’un cinquième de la réduction des dépenses publiques britanniques.

Pour autant, ces nouvelles coupes ne devraient pas affecter l’investissement et le format des forces armées britanniques. C’est du moins ce qu’a affirmé le MoD, lequel a expliqué que cet effort serait en partie compensé par des réserves financières non dépensées au cours du présent exercice.

Ce dernier point n’a pas manqué de faire réagir Jim Murphy, en charge de la défense au sein du « Shadow Cabinet » du Parti travailliste. « On doit nous dire en quoi ces ressources consistent et pourquoi elles n’ont pas été investies pour combler les lacunes capacitaires » a-t-il affirmé.

Pour l’UK National Defence Association, ces nouveaux efforts financiers demandés au MoD sont de la « folie. » « Nous avions pensé que la Défense avait déjà été assez punie mais il semble que, après avoir mis les forces armées britanniques au sol, le chancelier leur donne un sacré bon coup de pied pour faire bonne mesure » a fait valoir l’association.

Et pour cause. Devant le Defence Select Committee (la commission défense du Parlement britannique), le chef d’état-major de la British Army, le général Sir Peter Wall a récemment mis en garde contre toute nouvelle baisse des effectifs (82.000 hommes d’ici 2014) sous peine de ne plus être en mesure de remplir les missions qui lui seront demandées, et cela d’autant que le moral des militaires de Sa Gracieuse Majesté est au plus bas.

Au moment de l’annonce des réductions budgétaires en 2010, il avait été convenu que les ressources des forces armées britanniques devaient augmenter à partir de 2015 (1% en plus pour les dépenses d’équipement, ndlr). Et cela afin de mettre en oeuvre, et dans les meilleurs conditions, le programme « Future Force 2020. » Or, ces nouvelles coupes auront bien évidemment un impact sur la trajectoire financière prévue. Selon le Financial Times, il manquera ainsi 500 millions de livres pour l’exercice 2015-2016.

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