Les 20 ans de la Direction du renseignement militaire

La guerre du Golfe de 1991 avait permis de pointé les lacunes françaises en matière de renseignement militaire. A l’époque, la France dépendait essentiellement des informations que voulaient bien fournir les Etats-Unis. En clair, elle n’avait pas ses moyens autonomes d’appréciation de la situation au Koweït et en Irak. Ou du moins, l’organisation de ses structures en la matière n’était pas suffisamment efficaces étant donné qu’elle n’échappait pas aux rivalités entre services et à l’esprit de chapelle.

D’où la volonté d’y remédier en créant, en 1992 et sous l’impulsion de Pierre Joxe, alors ministre de la Défense, la Direction du Renseignement Militaire (DRM), laquelle est chargée d’élaborer et de mettre en oeuvre « les orientations en matière de renseignement d’intérêt militaire » et d’exercer « en ce domaine une fonction d’animation et de coordination. » Pour cela, elle dispose de ses propres capacités et peut compter sur des moyens qui lui sont confiés pour emploi de façin permanente ou ponctuelle.

Relevant du chef d’état-major des armées (CEMA), la DRM a ainsi succédé aux 2e bureaux des trois armée ainsi qu’au CERM (Centre d’exploitation du renseignement militaire). Sa création n’allait pas forcément de soi, l’idée de créer un pôle « renseignement militaire » au sein de la DGSE ayant été avancée. Cette option, défendue notamment par les responsables du renseignement extérieur, fut donc écartée par le pouvoir politique, qui donna ainsi satisfaction à l’Etat-major des armées.

De par sa nature, la DRM fournit d’abord les informations nécessaires au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), afin de garantir à ce dernier une « appréciation objective et la plus autonome possible des situations. » Elle assure également une fonction de veille et d’anticipation afin fournir au ministre de la Défense et au CEMA la « documentation nécessaire à l’exercice de leurs responsabilités. »

Dotée d’un budget de 160 millions d’euros environ, la DRM est organisée selon trois sous-directions (opérations, exploitation, personel-finances-capacités) et d’un pôle renseignement basé à Creil. Ce dernier compte le CF3E (Centre de formation et d’emploi relatif aux émissions électromagnétiques), le CF3I (Centre de formation et d’interprétation interarmées de l’imagerie), le CI3RH (Centre interarmées de recherche et de recueil du renseignement humain) et l’unité interarmées Hélios (renseignement satellitaire). Et c’est sans oublier le Centre de formation interarmées au renseignement (CFIAR), basé à Strasbourg.

Depuis, les différentes opérations dans lesquelles la France a été engagée ont validé la pertinence d’un service comme la DRM, qui permet aux forces déployées à mieux connaître l’environnement dans lequel elles évoluent tout en ayant une idée la plus précise possible des capacités de leurs adversaires. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors de la cérémonie marquant le 20ème anniversaire de sa création, organisée le 6 décembre dans la cour de l’Ecole Militaire, à Paris.

La DRM « n’a cessé de renforcer depuis son intégration dans la chaine des opérations les liens qu’elle entretient avec les autres services de renseignement, français tout d’abord mais aussi étrangers. Elle a également su s’adapter aux nouveaux défis opérationnels, sur tous les continents et face à tout type de menace. Elle a enfin considérablement amélioré ses capacités techniques et humaines, pour figurer aujourd’hui parmi les seuls services au monde qui soient réellement capables de saisir dans sa globalité l’environnement des crises auxquelles nous sommes confrontés », a en effet souligné le ministre.

Après avoir indiqué que le renseignement devrait être « une priorité majeure » du prochain Livre blanc, Jean-Yves Le Drian a déclaré que « l’effort engagé au profit de nos moyens humains et techniques de recherche et d’analyse » sera poursuivi. « La DRM doit en bénéficier également, davantage d’ailleurs que cela n’a été le cas dans la mise en œuvre, à cet égard insuffisante, de l’actuelle loi de programmation militaire », a-t-il estimé. Et d’ajouter qu’elle doit aussi « se voir dotée des moyens lui permettant de jouer tout son rôle au sein du renseignement de défense et, plus largement, dans notre dispositif de connaissance et d’anticipation. »

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