Livre blanc : Une réduction du budget de la Défense d’un milliard par an jusqu’en 2019 serait envisagée

Si les informations révélées ce 7 décembre par Le Parisien concernant les pistes envisagées par la commission du Livre blanc, qui doit remettre ses recommandations en février prochain, s’avèrent exactes, alors les forces armées doivent s’attendre à subir une nouvelle grande braderie. Et l’on pourrait parler de « déclassement stratégique » de la France.

Ainsi, selon le quotidien, qui a interrogé plusieurs membres de la commission présidée par le diplomate Jean-Marie Guéhenno, il serait question de réduire le budget de la Défense de un milliards par pendant la période 2014-2019, qui correspondra à la prochaine Loi de programmation militaire (LPM). En clair, les forces armées ne disposeraient plus que d’environ 26 milliards d’euros de ressources annuelles. L’on est bien loin des 2% du PIB prévus par le Livre blanc de 2008…

Pour tenir cet objectif, plusieurs pistes sont évoquées.Tout d’abord, la dissuasion nucléaire pourrait ne plus être sanctuarisée, l’idée de passer de 4 à 3 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) ayant été avancée. Ce qui suppose que la Force océanique stratégique (FOST) ne sera plus en mesure d’assurer une permanence à la mer. Et il est aussi possible que cette réduction aura des répercussions sur le programme de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda…

Alors que le nouveau missile ASMP-A vient d’entrer en service, la composante aéroportée de la force de frappe française serait susceptible de passer à la trappe, ce qui permettrait de réaliser 2,6 milliards d’euros d’économie sur 15 ans. Deux escadrons sont concernées : le 2/4 La Fayette qui, basé à Istres, est doté de Mirage 2000N et le 1/91 Gascogne de Saint-Dizier, équipé de Rafale. Si ce scénario se confirme, le premier pourrait être dissous.

Autre axe de réforme : le passage de 60 à 20 bases de défense. Cette piste n’est pas nouvelle étant donné qu’elle avait déjà été avancée par la Cour des comptes. En octobre dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait indiqué que leur nombre « n’était pas figé dans le marbre. » Celles qui soutiennent qu’une seule unité seraient évidemment les premières à être dans le collimateur.

Quant à l’armée de Terre, qui craint de faire les frais des futures recommandations, Le Parisien suggère qu’elle devrait recruter moins de 10.000 engagés par an à partir de 2013. Le format d’une force terrestre projetable de 30.000 hommes serait par conséquent réduit, tout comme les effectifs présents en Guyane, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie.

Dans le même temps, il est aussi question d’avoir encore davantage recours aux externalisations, alors que, dans un rapport rendu en février 2011, la Cour des comptes avait fait part de ses réserves à l’égard de cette pratique, notamment au sujet des gains économques que l’on peut en attendre.

Autre point qui ne manquera pas de susciter le débat, le recours à des sociétés militaires privées est envisagé. Là, c’est un tabou qui pourrait bien sauter, les autorités françaises ayant toujours été prudentes et réservées sur cette question, au point que, par exemple, les armateurs français ne sont pas autorisés à faire appel à des équipes de protection privées pour la sécurité de leurs navires. Cependant, Jean-Yves Le Drian a récemment affirmé qu’il n’excluait pas de revenir sur cette interdiction après la publication du Livre blanc…

Enfin, il est également question de faire entrer au Conseil de sécurité des Nations unies de nouveaux membres à titre permanent, comme le Brésil et l’Inde. Cela afin de diluer les responsabilités que cette présence dans ce club fermé suppose… Déjà qu’il est difficile de se mettre d’accord à 5, il ne pourra guère en aller autrement à 7, voire à 10.

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