Affaire Mahé : Une peine de 5 ans ferme requise à l’encontre du colonel Burgaud

L’avocat général a prononcé son réquisitoire à l’encontre des quatre militaires français jugés devant la cour d’assises de Paris pour leur implication dans le meurtre de Firmin Mahé, un présumé coupeur de routes ivoirien, alors qu’ils étaient engagés, en mai 2005, en Côte d’Ivoire, dans le cadre de l’opération Licorne.

Tout d’abord, à la question de savoir si Firmin Mahé était bel et bien un coupeur de route – ce que conteste sa famille – la magistrate, Annie Grenier, a considéré qu’il s’agissait effectivement « d’un individu dangereux et criminel. »

Cela étant, Mme l’avocat général a estimé que des soldats ont commis « un meutre de sang froid ». « Il faut que les militaires prennent conscience qu’il s’agit de faits inadmissibles » a-t-elle insisté. Et si, selon elle, la hiérarchie a une « responsabilité extrêmement lourde » dans cette affaire, le « devoir d’un militaire est de refuser d’exécuter un ordre illégal. »

Commandant le bataillon déployé dans la « zone de confiance » au moment des faits, le colonel Burgaud est accusé d’avoir transmis l’ordre implicite de tuer Firmin Mahé, alors que ce dernier venait d’être retrouvé blessé, après avoir pris la fuite devant un peloton de reconnaissance et d’intervention antichar (PRIAC) français. Ce qu’a reconnu et assumé l’ancien officier, tout en affirmant qu’il avait tenu cet ordre de son supérieur à l’époque, le général Henri Poncet, alors commandant de la Force Licorne.

Aussi, Mme l’avocat général a demandé une peine de 5 ans de prison ferme à son égard pour « complicité d’homicide volontaire pour instigation. » Quant à l’ordre qu’aurait donné le général Poncet, la magistrate a botté en touche. « Je n’en sais rien » a-t-elle dit. Si n’est que l’officer a déjà bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire et qu’il a toujours nié les accusations de son ancien subordonné.

Quant à l’adjudant-chef Guy Raugel, accusé d’avoir étouffé Firmin Mahé avec un sac plastique à bord du blindé léger qui devait l’amener à l’hôpital de Man, une peine de prison de 5 ans, dont trois fermes, a été requise à son encontre.

La magistrate a également requis 2 à 3 ans de sursis contre le brigadier-chef Johannes Schnier, qui a aidé le sous-officier à tuer le coupeur de route. Enfin, le conducteur du véhicule, le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, pourrait se voir infliger une peine de 6 mois avec sursis.

Les plaidoiries de la défense doivent avoir lieu ce 6 décembre et le verdict est attendu pour demain.

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