Afghanistan : La production d’opium baisse mais les surfaces cultivées augmentent

Quand les taliban étaient au pouvoir à Kaboul, la culture du pavot avait diminué en Afghanistan. Mais, avec l’intervention occidentale dans le pays, cette dernière est repartie de plus belle au point que, désormais, elle représente 90% de la production mondiale d’opium.

Cette évolution a été encouragée par les insurgés afghans, qui y ont vu un moyen de remplir leurs caisses pour financer leurs opérations, à hauteur de 100 millions de dollars par an, selon les estimations. Les zones de cultures du pavot correspondent d’ailleurs à celle où les taliban et leurs alliés ont maintenu une certaine influence.

Qui plus est, la production de pavot alimente également la corruption en Afghanistan, où il avait été estimé, en 2010, que 60% des parlementaires avaient des liens avec des personnes impliquées dans le trafic de produits opiacés.

Mais ce problème dépasse les frontières afghanes. En Russie d’abord, où la drogue fait, chaque année, 30.000 victimes de surdoses ou de pathologies liées à la consommation de stupéfiants. Et le trafic d’héroïne, notamment, nourrit un certain nombre d’organisations criminelles et accentue l’insécurité.

En France, il est estimé que 300 personnes meurent d’une surdose d’héroïne tous les ans. Ce bilan est de 10.000 victimes pour l’ensemble des pays de l’Otan.

Bien évidemment, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, a tenté de faire baisser cette production de pavot, notamment en incitant les paysans afghans à se tourner vers des cultures vivrières ou en lançant des opérations contre les laboratoires de transformation de l’opium en héroïne.

En janvier dernier, l’ISAF a fait état de « quantités incroyables » de drogue saisie 2011, année au cours de laquelle la production d’opium était repartie à la hausse après chuté de moitié un an auparavant à cause de l’apparition d’un champignon parasite ayant affecté les champs de pavot.

Cela étant, le problème n’est pas pour autant réglé. Selon le dernier rapport du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), les surfaces cultivées de pavot ont à nouveau augmenté en 2012 alors que la production a baissé de 36% à cause de conditions météorogiques défavorables et de la persistance de ce parasite qui s’attaque aux plants de pavots.

En un an, les surfaces cultivées dédiées à la production d’opium ont progressé de 18% sur l’ensemble de l’Afghanistan pour atteindre les 154.000 hectares. La hausse concerne plus particulièrement le sud et l’ouest du pays, mais aussi certaines provinces du nord et de l’est.

« Les prix élevés de l’opium sont la principale cause de l’augmentation des surfaces cultivées » a expliqué Yuri Fedotov, le directeur du l’UNODC. Un paysan afghan a reçu en moyenne 196 dollars par kilo d’opium alors que la solde d’un militaire de l’armée nationale afghane s’élève, par comparaison, à 150 dollars par mois.

Aussi, cette tendance à la hausse du prix de l’opium risque « d’inciter de nombreux fermiers à commencer à renouer avec la production de pavot au cours de la prochaine saison », avertit l’UNODC.

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