Un ressortissant français enlevé au Mali

Près d’un an après l’enlèvement, Hombori (Mali) de Serge Lazarevic et de Philippe Verdon par des hommes armés opérant pour le compte de la katiba d’Abdelkrim Taleb, membre d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), un autre ressortissant français, Jules Berto Rodriguez Léal, 61 ans, a été kidnappé dans l’ouest malien, au cours de la soirée du 20 novembre.

Ce citoyen français d’origine portugaise circulait à bord d’une voiture Peugeot immatriculée en France et venait de Mauritanie. Il a été kidnappé par un groupe de 6 hommes à « la peau claire », dans une région de Kayes, classée « zone orange » par le quai d’Orsay, c’est à dire qu’elle est « déconseillée, sauf raison impérative. »

Si cette dernière est encore contrôlée par l’armée malienne, elle peut toutefois être infiltrée par les jihadistes qui ont pris le contrôle du Nord-Mali. Ainsi, il y a 4 ans, un couple italo-burkinabé avait été enlevé par des hommes appartenant à AQMI, puis libéré contre le paiement d’une rançon.

Reste à voir qui est derrière le rapt de Jules Berto Rodriguez Léal. A ce stade, et tant qu’il n’y a pas de revendications, l’on ne peut faire que des hypothèses. Etant donné qu’AQMI retient déjà en otage 6 ressortissants français (outre Serge Lazarevic et Philippe Verdon, l’on compte aussi Daniel Larribe, Pierre Legrand, Marc Féret et Thierry Dole, enlévés en septembre 2010 au Niger), il est probable que le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) en soit le responsable.

Pour des groupes terroristes comme AQMI ou le MUJAO, avoir des otages permet d’exercer une pression sur le pays d’origine des ressortissants enlevés mais aussi et surtout de monnayer leur libération en réclamant des rançons importantes.

Or, jusqu’à présent, le MUJAO ne détenait pas d’otages français alors que l’un de ses responsables (ou prétendu tel), Oumar Ould Hamada, a récemment menacé d’en tuer si le président Hollande persistait à soutenir une opération militaire au Nord-Mali.

Cet Oumar Ould Hamada serait le bras droit de Mokhtar Belmokhtar, dit le borgne. Or, ce dernier, par ailleurs trafiquant notoire, faisait partie, il y a encore peu, d’AQMI, avant d’en être exclu. Privé de ses moyens, il aurait ainsi rejoint les rangs du MUJAO, à Gao. Il n’est donc pas impossible qu’il ait cherché à enlever un européen pour donner un gage à ses « nouveaux amis », un otage, qui plus est français, pouvant valoir très cher ou « servir » de bouclier humain.

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