Le général Bigeard repose désormais parmi ses frères d’armes

Plus de deux ans après sa disparition, le général Marcel Bigeard repose désormais au milieu de ses frères d’armes, au mémorial des Guerres d’Indochine, à Fréjus, où ses cendres ont été transférées lors d’un hommage qui lui a été rendu ce 20 novembre, en présence de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et du ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif.

Le choix de cette journée n’est pas anodin. Le 20 novembre 1953, le général Bigeard, qui commandait alors le 6ème Bataillon de parachutistes coloniaux (BPC) participait à l’opération Castor, prélude à la bataille de Dien Bien Phu, au cours de laquelle il s’illustra courageusement.

D’ailleurs, le général Bigeard avait souhaité, de son vivant, que ses cendres fussent dispersées au-dessus de ce champ de bataille, afin de rejoindre ses camarades tués au combat. Mais les autorités vietnamiennes s’y opposèrent. Ses proches pensèrent alors à la nécropole de Fréjus, où sont accueillies les dépouilles d’anciens combattants d’Indochine qui ont souhaité reposer près de leurs camarades Morts pour la France.

Plus tard, l’idée fut avancée de transférer l’urne funéraire du général Bigeard dans le caveau de l’église du soldat, aux Invalides, auprès des gloires militaires françaises. Seulement, le héros de Dien Bien Phu ne comptait pas que des amis et des admirateurs. Mais aussi des détracteurs à la mémoire et à l’indignation sélectives.

Depuis, ces derniers s’emploient donc à empêcher qu’un ultime honneur soit rendu au général Bigeard, en l’accusant d’avoir pratiqué la torture, notamment en Algérie, chose dont il s’était toujours défendu, même s’il avait reconnu que c’était un « mal nécessaire. »

« Quand les bombes sautent, que des gosses sont tués ou blessés, quand on crève sous le regard de ses parents les yeux d’une jeune fille, est-il possible de ne pas réagir, de ne pas s’opposer? S’il y a une chose dont je suis sûr, c’est qu’il est difficile de juger confortablement assis dans son fauteuil. (…) L’action psychologique aussi était nécessaire. Grâce à elle, plus de cent bombes ont été retrouvées. Et combien de vies d’innocents épargnées? » avait-il confié au Figaro, en novembre 2000.

En réponse à une pétition qui, lancée par L’Humanité à la même époque, réclamait que la lumière soit faite sur l’affaire algérienne, l’éditorialiste de Marianne, Guy Konopnicki avait écrit :

« L’armée a pu pratiquer la torture en Algérie parce que le gouvernement du socialiste Guy Mollet lui avait donné carte blanche. […] L’Humanité se grandirait en s’interrogeant aussi sur les responsabilités des ministres communistes dans la répression des émeutes de 1945, à Sétif et à Constantine, lorsque Maurice Thorez était ministre. La vérité n’épargnera personne. Pas même les Algériens, qui pourraient aussi éclairer des zones d’ombres (tortures pratiquées par le FLN, élimination des nationalistes légalistes partisans de Messali Hadj…). Tant qu’à établir la vérité, autant ne rien laisser dans l’ombre. »

Quoi qu’il en soit, ceux qui se sont opposés au transfert des cendres du général Bigeard aux Invalides lui auront rendu service étant donné que le mémorial de Fréjus est sans nul doute l’endroit le mieux approprié pour les accueillir. Et quand bien même ils ont à nouveau donné de la voix pour protester contre ce projet, le ministre de la Défense, qui l’a personnellement connu sur les bancs de l’Assemblée nationale, ne leur a donc rien cédé.

Interrogé par Var Matin, Jean-Yves Le Drian a estimé que le général Bigeard représentait « une histoire, des hauts faits d’armes, un engagement. Et comme tout homme, des périodes fortes et des périodes moins fortes. » Et d’ajouter : « Mais au total, c’est une personnalité qui mérite le respect. »

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