L’Autriche pourrait annuler le contrat Eurofighter

Le 7 novembre dernier, plusieurs sites d’EADS ont été perquisitionnés en Allemagne, dans le cadre d’une enquête ouverte afin de déterminer si des pots-de-vins ont été versés pour s’assurer de la vente d’avions de combat Eurofighter à l’Autriche.

Conclu en 2003, ce contrat portait initialement sur la vente de 18 appareils pour 1,7 milliards d’euros. Plus tard, cette commande avait été réduite de 3 avions afin d’économiser 400 millions d’euros.

Seulement, l’Eurofighter n’était pas l’avion de combat qu’auraient souhaité les forces aériennes autrichiennes, lesquels voulaient en premier choix le F/A-18 américain, puis le JAS-39 Gripen du constructeur suédois Gripen.

D’où des soupçons de malversations suffisamment troublants pour justifier l’ouverture d’une enquête. Cependant, en mars 2011, la justice autrichienne a classé sans suite une plainte pour corruption visant l’ancien chef d’état-major de la Luftstreitkräfte, le général Erich Wolf.

L’affaire aurait pu s’arrêter là. Sauf qu’elle a été relancée après les révélations faites quelques semaines plus tard par Gianfranco Lande, un homme d’affaires italien. Ce dernier a en effet expliqué à la justice qu’une société écran, Vector Aerospace, avait versé, pour le compte d’EADS Allemagne, 84,5 millions d’euros de commissions, via un montage financier relativement compliqué, à des intermédiaires autrichiens. D’où les investigations menées outre-Rhin, lesquelles concernent pour le moment 13 personnes, dont un ancien haut dirigeant du groupe.

Par ailleurs, un directeur de la banque autrichienne Oberbank, visiblement impliqué dans cette affaire, a démissionné de son poste, après avoir été soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin dans le cadre du contrat Eurofighter, via une société écran appelée Colombus Trade Services, laquelle aurait perçu 16,2 millions d’euros de Vector Aerospace.

Pour le moment, il n’y a que des suspicions. Mais si elles se viennent à être confirmées, alors Vienne pourrait annuler le contrat d’achat des 15 Eurofighter. C’est, du moins, ce qu’a affirmé le ministre autrichien de la Défense, Norbert Darabos, le 16 novembre dernier, sur les ondes de la radio ORF.

« Cela dépend des résultats de l’enquête du ministère de la Justice. C’est une possibilité et nous devons l’étudier » a-t-il déclaré. « S’il y a des preuves, si l’enquête produit des résultats qui justifient une intervention de notre part, c’est ce que nous ferons » a-t-il encore insisté.

Sur le principe, et toute proportion gardée, cette affaire présumée de pots-de-vin n’est pas sans rappeler celle des 6 frégates La Fayette vendues à Taïwan pour 2,5 milliards d’euros dans les années 1990. Le litige s’était réglé devant la Cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, laquelle avait condamné la France à verser à Taipeh 460 millions d’euros de dédommagement pour le compte de la Direction des constructions navales (DCN), devenu DCNS. Autre acteur du dossier, Thales (ex-Thomson-CSF), s’était vu infliger une amende de 170 millions d’euros.

Photo : Deux Eurofighter autrichiens (c) Luftstreitkräfte

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