Renault Trucks Defense lorgne sur Nexter et Patria

Après avoir mis la main, en 2006, sur ACMAT, spécialiste des véhicules tactiques et finalisé le rachat du fabricant de blindés légers Panhard, Renault Trucks Defense (RTD, groupe Volvo) entend jouer un rôle plus important encore dans la consolidation de l’industrie française, voire européenne, de l’armement terrestre, laquelle paraît nécessaire pour faire face à la fois à la concurrence venue des pays émergents et à la baisse des budgets militaires en Europe.

Pour RTD, le rachat de Panhard, dont l’intégration devrait prendre deux ans, est l’une des étapes devant lui permettre d’atteindre son objectif visant à réaliser un chiffre d’affaires à 700 millions d’euros d’ici 2015 (il était de 253 millions en 2011) et à doper ses parts de marché à l’exportation.

Mais cette opération pourrait en annoncer d’autres. En effet, le président de RTD, Gérard Amiel, a indiqué, le 14 novembre, au cours d’une conférence de presse, avoir « plusieurs dossiers en cours d’examen » qui, toutefois, « ne se concrétiseront pas nécessairement à court terme. »

Tout d’abord, c’est le groupe public Nexter qui intéresse plus particulièrement RTD. Les deux industriels se connaissent bien étant donné qu’ils ont noué une coopération pour la fabrication du Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie (VBCI) et qu’ils sont partenaires pour le projet VBMR (Véhicule Blindé Multi-Rôle), appelé à remplacer les véhicules de l’avant blindé (VAB) actuellement en service dans l’armée de Terre.

L’intérêt de RTD pour Nexter n’est pas nouveau. En 2008, à l’occasion du salon EuroSatory, Serge Perez, le prédecesseur de Gérard Amiel, avait ainsi affirmé qu’un « rapprochement » des deux groupes « ferait sens ». Et d’affirmer être « prêt à prendre totalement le contrôle » du fabricant du char Leclerc, tout en lorgnant sur Panhard.

Seulement, le statut de Nexter limite les marges de manoeuvres. Le gouvernement Fillon avait envisagé de rapprocher la division « Munitions de Thales (TDA Munitions) avec celle de Nexter, en échange d’une montée de l’électronicien dans le capital du groupe public à hauteur de 10 à 25%. Mais cette opération est gelée depuis la dernière élection présidentielle et l’alternance politique qui en a résulté.

« Un rapprochement avec Nexter ne pourrait se faire qu’à condition de la revente à terme de son activité de munitions » a par ailleurs précisé le président de RTD. Ce qui complique davantage la donne. Et de toute façon, avant d’envisager tout rapprochement d’ordre capitalistique, encore faudrait-il que le gouvernement soit disposé à ouvrir le capital de l’ancien Giat.

Du coup, RTD ne se focalise pas uniquement sur Nexter et regarde vers Thales Australia (ex- ADI Limited) qui fabrique les véhicules blindés Bushmaster ainsi que vers le finlandais Patria a des activités dans l’armement terrestre et l’aéronautique.

« Nous avons des échanges avec Patria » a affirmé Gérard Amiel. Mais là encore, le dossier est compliqué car le capital du groupe scandinave est détenu à 26,8% par EADS et à 73,2% par l’Etat finlandais. Or, RTD souhaiterait y être majoritaire et il n’est absolument pas certain qu’Helsinki y soit favorable.

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