La France envisage de livrer des « armes défensives » aux rebelles syriens

Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée à l’Elysée le 13 novembre, le président François Hollande a annoncé que la France allait reconnaître « la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d’en terminer avec le régime de Bachar al-Assad. »

Cette « coalition nationale » est le fruit d’un accord conclu le 11 novembre, à Doha (Qatar) entre différents mouvements de l’opposition syrienne après d’âpres négociations. Cette nouvelle instance, présidée par Ahmad Moaz Al-Khatib, présenté comme étant un religieux modéré, a été immédiatement reconnue par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui réunit l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le sultanat d’Oman.

Cette annonce faite par le président Hollande fait suite à l’engagement qu’il avait pris le 27 août dernier à reconnaître une gouvernement de transition syrien « dès qu’il aura été formé. »

Cependant, si la Turquie, très en pointe contre le régime de Bachar el-Assad, a pris la même décision que Paris, les Etats-Unis se montrent plus réservés à l’égard de la CNS, craignant qu’elle soit infiltrée par des islamistes. « Nous la considérons seulement comme une représentation légitime des aspirations du peuple syrien » a ainsi affirmé le président Obama.

Idem pour le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui attendent de juger sur pièce avant de reconnaître la CNS. « L’accord de l’opposition sur une coalition nationale commune est une étape importante qui doit maintenant se révéler un succès » a ainsi expliqué Guide Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères.

Quoi qu’il en soit, et alors que la reconnaissance de la CNS en tant que représentante unique du peuple syrien peut paraître audacieuse, le président Hollande a également indiqué que la question des armes destinées à l’opposition sera « nécessairement reposée, pas simplement à la France, mais à tous les pays qui reconnaîtront ce gouvernement. »

Cela dit, certains Etats n’ont pas attendu de reconnaître la CNS pour envoyer des armes à la rébellion syrienne. Ce serait notamment le Qatar et l’Arabie Saoudite, lesquels fourniraient surtout les groupes intégristes.

Jusqu’à présent, la France n’a livré aux rebelles que des équipements non létaux, comme des équipements de communication cryptée ou encore des jumelles de vision nocturne. D’après le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, il est désormais question d’envoyer des « armes défensives ».

« Pour le moment il y a un embargo, donc il n’y a aucune arme qui est livrée du côté européen. La question peut se poser, elle va sans doute se poser pour les armes défensives », a-t-il en effet affirmé, ce 15 novembre, sur les ondes de RTL. « C’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’en coordination avec les Européens. La question va être soulevée puisque la Coalition (la CNS, ndlr) nous l’a demandé », a-t-il poursuivi.

« La position de la France est de dire qu’il ne faut pas militariser le conflit mais il est évidemment inacceptable qu’il y ait des zones libérées et qu’elles soient bombardées par les avions de Bachar », a encore ajouté M. Fabius. « La question de l’armement défensif va être posée », a-t-il insisté. Reste à voir ce que le patron du quai d’Orsay entend par « armes défensives »…

Seulement, la position française n’est absolument pas du goût de la Russie, principal allié de Bachar el-Assad. « Une aide étrangère à l’opposition, qui mène une lutte armée contre le gouvernement légitime, est une violation grossière des normes fondamentales du droit international » a ainsi affirmé Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

« Dans la déclaration des principes du droit international (…), il est en particulier indiqué que nul État ne doit organiser, aider, financer des actions armées destinées à renverser par la violence le régime d’un autre État », a-t-il expliqué.

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