Pour Hubert Védrine, la France doit renforcer son influence au sein de l’Otan

Chargé par le président Hollande d’évaluer les conséquences du retour de la France au sein du commandement militaire intégé de l’Otan, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin, Hubert Védrines, vient de rendre son rapport, qui pourrait se résumer en une seule phrase : « Quand le vin est tiré, il faut le boire. »

Ainsi, après avoir rappelé les grandes étapes qui ont mené à la décision prise par le président Sarkozy de faire reprendre à la France toute sa place dans l’Otan, Hubert Védrine a d’abord souligné que l’un des deux commandements « suprêmes » auprès du secrétaire général de l’Alliance atlantique, en l’occurrence « l’Allied Command Transformation », est revenu, pour la première fois, à un officier français alors que, par le passé, ce type de poste était une chasse gardée américaine.

« L’attribution de ce poste a permis que la France participe aux réflexions prospectives sur l’Alliance et à la définition du nouveau concept stratégique 2010 » a relevé l’ancien chef du quai d’Orsay, qui a également noté que le « rôle moteur » de Paris pour « hiérarchiser les priorités, refondre les procédures (…) et réduire la structure de commandement. »

Par ailleurs, l’influence française s’est aussi manifesté lorsqu’il s’est agi de réaffirmer que « la stratégie de l’Otan reste fondée sur la dissuasion nucléaire », et cela contre l’avis de l’Allemagne, qui souhaitait, lors du sommet de Lisbonne, en 2010, mettre l’accent sur la défense antimissile, considérée comme un substitut à la force de frappe stratégique.

Pour ce qui concerne les opérations, et en particulier l’Afghanistan, Hubert Vedrine souligne que si la France n’avait pas pu influencer la stratégie mise en oeuvre par la coalition dirigée par l’Otan, elle avait néanmoins « pu fixer son propre calendrier de retrait de son contingent (d’abord avec Nicolas Sarkozy, puis avec François Hollande).

En revanche, les retombées industrielles de ce retour de la France dans le commandement intégré, restent modestes. Selon M. Vedrine, la décision prise par le président Sarkozy a « élargi l’opportunité de marchés pour l’industrie française mais ne s’est pas traduit à ce stade par un accroissement marqué des contrats obtenus. »

Quant aux effets diplomatiques, les pays qui considéraient jusqu’en 2009 que la France était alliée des Etats-Unis sans être pour être alignée sur leur politique sont dans l’expectative et attendent de juger sur pièce.

Par ailleurs, ce retour dans le commandement intégré n’a pas eu d’effets significatifs sur la défense européenne (qui, pour M. Vedrine, ne signifie pas « défense militaire de l’Europe », si ce n’est qu’il a toutefois permis de relancer des coopérations bilatérales, à l’image de l’accord franco-britannique de Lancaster House.

Aussi, et même si « il est un peu tôt pour évaluer » ce retour, Hubert Védrine a estimé qu’une « (re)sortie française du commandement intégré n’est pas une option » car « elle ne serait comprise par personne ni aux États-Unis ni en Europe, et ne donnerait à la France aucun nouveau levier d’influence » et « ruinerait toute possibilité d’action ou d’influence pour elle, avec tout autre partenaire européen, dans quelque domaine que ce soit. »

Aussi, l’ancien ministre des Affaires étrangères, suggère que la France doit « s’affirmer beaucoup plus dans l’Alliance et y exercer une influence accrue » en s’y montrant « vigilante et exigeante » tout en continuant « à plaider pour une Europe de la Défense » dans le cadre de l’UE, et cela, même si « depuis la fin de l’URSS, fin 1991, donc depuis vingt ans, ce sont les ‘dividendes de la paix’, ‘du social’ et de l’augmentation de pouvoir d’achat ou de l’affirmation de droits individuels qu’attendent les Européens. »

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