Le plan de l’intervention militaire au Nord-Mali de la Cédéao a été validé par l’Union africaine

Un pas de plus a été franchi, le 13 novembre, vers une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) afin d’aider l’armée malienne à reconquérir le Nord-Mali, d’où elle a été chassée par trois groupes jihadistes, dont al-Qaïda au Maghreb islamique, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine¨.

En effet, le concept d’opérations mis au point par les chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao a été validé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), réuni à Addis-Abeba. Le principe de cette intervention militaire doit maintenant être examiné par le Conseil de sécurité des Nations unies, conformément à la résolution 2071 adoptée en octobre dernier.

Ce plan d’intervention prévoit le déploiement, pendant un an, de 3.500 hommes issus des pays principalement des Etats membres de la Cédéao. « Nous avons des pays qui offrent des bataillons, d’autres des compagnies (…). Il y a, bien sûr, le Nigeria, le Sénégal, le Niger, le Burkina Faso, nous avons également des pays comme le Ghana (…), le Togo » a détaillé Alassane Ouattara,  le président ivoirien, à Abuja, le 11 novembre.

D’autres pays, qui ne font pas partie de la Cédéao, pourraient soutenir cette opération. Il a ainsi été question du Tchad et de l’Afrique du Sud mais ces derniers n’ont pas confirmé leur éventuelle participation. Pour ce qui concerne le coût de l’intervention, son montant a été estimé à 500 millions de dollars pour seulement 6 mois, ce qui paraît toutefois surévalué.

Quant au soutien qui pourrait être apporté à opération, il est question d’une aide militaire de l’Union européenne en matière de formation des troupes appelés à prendre part à la reconquête du Nord-Mali. Une décision allant dans ce sens, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’initiative prise en faveur de la Somalie, devrait être prise dans les jours qui viennent. Cette mission européenne d’entraînement, encadrés par des « élements de protection », compterait 200 militaires.

A Paris, où cette affaire est suivie de très près, le président Hollande a rappelé, lors de sa conférence de presse du 13 novembre, que la France n’interviendra « en aucun cas » au Mali mais qu’elle fournirait cependant une aide logistique. De son côté, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a dit la même chose, en précisant toutefois qu’il ne serait pas question d’une éventuelle participation à des frappes aériennes. « Quand je dis pas de troupes au sol, ça veut aussi dire pas de troupes en l’air », a-t-il affirmé. « Que nous puissions apporter du renseignement, c’est autre chose », a-t-il ajouté.

Cela étant, l’idée d’une intervention militaire au Nord-Mali ne fait pas l’unanimité car elle laisse une grande part d’incertitudes. Si, comme il l’a confié au Figaro, le président du Niger, Mahmadou Issoufou, souhaite qu’elle ait lieu le « plus vite possible », tout en soulignant que sa préparation « peut inciter certains groupes à se démarquer des terroristes », d’autres pays, comme le Burkina Faso, la Mauritanie et l’Algérie se montrent plus prudents et privilégient avant tout une solution négociée avec les groupes touareg d’Ansar Dine et du Mouvement national de libération de l’Azawad.

Ainsi, Dahou Ould Kablia, le ministre algérien de l’Intérieur, a rappelé, lors d’un entretien accordé au journal Le Soir d’Algérie, que la « priorité » pour l’Algérie est de « est de trouver une solution politique pour régler définitivement le problème de l’unité territoriale du Mali » en tentant de convaincre les Touareg de renoncer à « leurs idées de sécession. »

« Si les gens s’imaginent qu’il faut réinstaurer l’autorité centrale sur le Nord par la voie de la guerre, cela aura des conséquences très graves » a-t-il ajouté, estimant que « les arguments avancés consistant à dire que le Sahel va devenir un autre Afghanistan ne tiennent pas debout » étant donné que le nombre de « terroristes et de narcotrafiquants » qui y sont présents « ne dépasse pas 2.000 à 3.000 ».

A peu de choses près, la Mauritanie, et plus précisément le président de l’Assemblée nationale mauritanienne, partage le même point de vue. « Une guerre contre les islamistes armés qui occupent le nord du Mali serait dévastatrice pour les pays voisins qui seront alors victimes d’un volcan aux cendres incandescentes » a en effet affirmé Messaoud Ould Boulkheir.

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