Vladimir Poutine fait le ménage à la tête de l’armée russe

Après avoir nommé Sergueï Choïgou, un de ses fidèles, au poste de ministre de la Défense, pour remplacer Anatoli Serdioukov, limogé pour son implication présumée dans une affaire de corruption, le président Vladimir Poutine, a continué le ménage d’automne au sein de l’armée russe.

Ainsi, le 9 novembre dernier, et sur propostion de son nouveau ministre de la Défense, le locataire du Kremlin a désigné le général Valeri Guerassimov pour occuper les fonctions de chef d’état-major des armées, en remplacement du général Nikolaï Makarov.

Âgé de 57 ans, le général Guerassimov a été l’un des commandants de la 58ème armée russe dans le district militaire du Caucase du Nord lors de la seconde guerre de Tchétchénie, au début des années 2000. Egalement acteur du conflit tchétchéne, le général Arkadi Bakhine a quant à lui été nommé vice-ministre de la Défense.

Et, pour faire bonne mesure, le responsable du programme spatial Glonass (l’équivalent russe du GPS américain), Iouri Ourlitchitch, a été prié de faire ses cartons suite à une décision prise par la commission gouvernementale militaro-industrielle sur fond d’une affaire de détournements de 162 millions d’euros de fonds publics.

Ces changements ne relèvent pas de l’anecdote. En effet, l’ancien ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, qu a par ailleurs lancé une ambitieuse réforme de l’armée russe, a sans doute payé son intention d’ouvrir le marché russe de l’armement aux industriels étrangers, comme cela a été le cas avec la commande ferme de deux Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) à la France ou encore avec l’idée de faire éventuellement fabriquer sous licence, en Russie, des blindés Centauro de la firme italienne Oto-Melara.

Bien évidemment, les vues de M. Serdioukov en matière d’équipements militaires n’ont pas été partagées par les industriels russes de l’armement, et cela d’autant plus que Vladimir Poutine entend investir plus de 550 milliards d’euros dans les 10 ans qui viennent pour moderniser l’armée.

D’ailleurs, les instructions données par le chef du Kremlin au nouveau chef d’état-major ne laissent pas de doute sur les raisons qui ont poussé M. Serdioukov vers la sortie. « La situation dans les domaines scientifiques et techniques évolue rapidement et de nouveaux moyens de faire la guerre font leur apparition » a expliqué Vladimir Poutine. « J’espère que vous parviendrez avec le ministre de la Défense à bâtir un partenariat satisfaisant et stable avec nos principales entreprises industrielles dans le domaine de la défense » a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, pour l’analyste spécialiste des affaires militaires, Pavel Felgenhauer, ce jeu de chaises musicales marque « la fin des réformes initiées par Serdioukov. » « Ils vont essayer de faire revivre l’armée soviétique, mais c’est impossible car ils n’ont pas les mêmes ressources » a-t-il estimé.

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