Le chef de l’Otan en Afghanistan éclaboussé par l’affaire Petraeus

Voilà une affaire qui n’aurait pas manqué d’inspirer l’auteur de théâtre Georges Feydeau, connu pour ses vaudevilles. Après la démission du patron de la CIA, le général David Petraeus, à cause d’une relation extra-conjugale sur fond d’enquête du FBI, c’est en effet au tour du général John Allen, son successeur à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, d’être pris dans la tourmente.

Tout est parti d’une plainte d’une certaine Jill Kelley, 37 ans, exerçant un emploi non rémunéré « d’agent de liaison sociale » à la base de Tampa en Floride, siège de l’état-major de l’US Centcom que le général Petraeus a dirigé avant d’être affecté en Afghanistan. Cette femme a déposé une plainte après avoir reçu plusieurs courriels jugés « menaçants ».

L’enquête du FBI qui a suivi a permis d’établir que l’auteur de ces messages était Paula Broadwell, la biographe du général Petraeus, avec lequel elle a entretenu une liaison aujourd’hui terminée. Et c’est ainsi que la relation « extra-conjugale » du désormais ancien chef de la CIA a été découverte, après l’examen de sa messagerie par les agents fédéraux.

Or, il se trouve que le général Petraeus est un ami de longue date de Jill Kelley et de son mari. Ce que Paula Broadwell, visiblement jalouse de cette relation amicale, n’a pas compris. Quoi qu’il en soit, le FBI a conclu que cette affaire n’a pas porté atteinte à la sécurité nationale, ce qui aurait pu être le cas étant donné les fonctions alors occupées par l’ancien chef de l’US Centcom.

D’où d’ailleurs les interrogations, outre-Atlantique, sur la façon d’agir du FBI ainsi que sur les raisons réelles de sa démission de la CIA, alors que son audition devant le Congrès était attendue pour éclaircir les tenants et les aboutissants de l’attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, l’attitude de l’administration Obama dans cette histoire étant confuse.

L’affaire aurait pu en rester là. Sauf qu’elle vient de connaître un nouveau rebondissement, avec l’annonce de l’ouverture d’une enquête visant cette fois le général John Allen pour un échange de « courriels inappropriés » avec Jill Kelley, la femme à l’origine de la révélation de la relation entre le général Petraeus et Paula Broadwell.

Ainsi, d’après le Pentagone qui a annoncé l’existence de cette enquête et l’ouverture d’une autre en interne, le FBI a découvert pas moins de 30.000 pages de correspondance entre le général Allen et Jill Kelley, échangées depuis 2010, année où l’officier était le numéro deux du général Petraeus à l’US Centcom.

Selon le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, il n’est pas question de remplacer le général Allen à la tête de l’ISAF. Du moins tant que l’enquête est en cours. Seulement, l’officier devait être prochainement nommé Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), lequel dirige également le Commandement allié Opérations (ACO) de l’Otan. Or, avec cette affaire, sa nomination, qui devait être examinée par le Sénat cette semaine, a été reportée.

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