Des gendarmes sont mal logés

Le 6 novembre dernier, l’Assemblée nationale a voté le budget de la mission « Sécurité » pour l’année 2013, lequel s’élévera à 11,61 milliards d’euros, dont 4,9 milliards pour la gendarmerie.

Ces crédits, qui sont parmi les rares à échapper aux restrictions aux restrictions budgétaires, permettront de créer 192 postes supplementaires de gendarmes. « La réponse à tous nos problèmes de sécurité passe par la seule recherche de plus d’effectifs » a toutefois admis Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. »Nous sommes d’abord comptables de la façon dont ils sont déployés » a-t-il ajouté, avant d’annoncer un nouvel « effort de rationalisation, de réorganisation et de mutualisation » rendu possible par le rapprochement police-gendarmerie.

Cela étant, si le budget de la gendarmerie a été préservé, il ne sera pas pour autant suffisant pour remédier aux problèmes identifiés cette année, notamment pour ce qui concerne les crédits de fonctionnement, lesquels ont atteint un niveau « relativement faible » ces dernières années et qui seront « stabilisés » en 2013.

Mais pour le député-maire de Saint-Yriex La Perche (87), Daniel Boisserie, qui est le rapporteur du budget de la gendarmerie au sein de la commission de la Défense et des Forces armées, le sujet de préoccupation majeur reste « le manque d’investissement dans les casernes domaniales. »

« Les besoins en rénovation sont considérables : il faudrait investir 200 à 300 millions d’euros par an pour remettre le parc à niveau » a-t-il affirmé lors d’une réunion de la commission Défense.

Dans son rapport, Daniel Boisserie a souligné que « l’état parfois très dégradé du casernement pose désormais des problèmes en termes de sécurité et, à moyen terme, sur la motivation des personnels » alors que, a-t-il fait valoir, « le casernement n’est pourtant pas un privilège, mais la simple contrepartie des sujétions liées au statut militaire », les gendarmes devant être « mobilisables en tout temps  » et donc, à ce titre, « être logés en caserne. »

« Il faut ajouter que la dégradation des conditions de logement pose évidemment problème pour la vie de famille des gendarmes. La carrière militaire impose aux conjoints et aux enfants la vie en caserne et la mobilité. Il est clair que vivre dans des conditions dégradées peut être un élément de stress pour les gendarmes et de ralentissement des vocations chez les plus jeunes. Il y a donc bien urgence immobilière » a-t-il également expliqué.

Et cela d’autant plus que le parc de logements affiche une moyenne d’âge de 39 ans et que celui des locaux de service atteint les 50 ans. « Une centaine de casernes domaniales exigeraient des interventions urgentes (dont certaines des mises aux normes en matière de sécurité – électricité, incendie, ascenseurs…) » a fait valoir Daniel Boisserie. Faute quoi, a-t-il assuré « la solution serait ensuite un relogement sous le signe de l’urgence dans le parc locatif. Avec un coût important au final. »

Toutes les casernes de gendarmerie ne sont pas logées à la même enseigne, la situation de 80% d’entre elles, louées auprès de collectivités locales ou de partenaires privés, étant plus « confortable ». En 2013, la gendarmerie devra consacrer plus de 466 millions d’euros pour payer ses loyers.

Quoi qu’il en soit, pour remédier à ce problème, le député Boisserie suggère au moins deux pistes. La première est de revoir les implantations de la gendarmerie avant d’investir dans les infrastructures. « Il n’est plus possible de travailler dans des casernes particulièrement dégradées », a estimé Daniel Boisserie.

« Faute d’investissement des collectivités notamment, les brigades sous-dotées en personnels devront être fermées. Maintenir des brigades à quatre ou cinq gendarmes présente en effet un coût de fonctionnement élevé sans qu’elles puissent assurer un niveau suffisant de service public. Nous devons avoir le courage de fermer certaines casernes » a-t-il expliqué.

La seconde est de s’assurer d’un niveau correct des produits des cessions immobilières de la gendarmerie. Et là, avec la loi Duflot sur le logement social, même retardée suite à une décision du Conseil constitutionnel, ce n’est pas gagné dans la mesure où elle prévoit une décote des prix de vente des emprises publiques afin d’aménager des logements sociaux. Or, pour le député Boisserie, « cela pourrait signifier la diminution d’une ressource attendue à 120 millions d’euros d’ici à 2014 et pourtant vitale » pour la gendarmerie.

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