Les militaires portugais dans la rue pour protester contre l’austérité

Depuis mai 2011, et en raison de l’état de ses finances publiques, le Portugal bénéficie de l’assistance financière de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). En contrepartie, et pour ramener son déficit à 4,5% du PIB en 2014, Lisbonne a pris l’engagement de lancer un vaste plan d’austérité budgétaire, lequel n’épargne évidemment pas les forces armées portugaises.

En novembre 2011, déjà, les militaires portugais avaient montré leur mécontentement contre le gel des promotions et le blocage des plans de carrière. Un responsable de l’Association des officiers, Antonio Lima Coelho, avait affirmé à l’époque que « l’application aveugle des mesures d’austérité » portait « préjudice à l’institution militaire » et que « l’armée ne pouvait pas être traitée ainsi. »

Ancien acteur de la Révolution des Oeillets de 1974, qui mit un terme au régime salazariste, et par ailleurs connu pour ses liens avec le mouvement d’extrême gauche Forças Populares 25 de Abril, le capitaine Otelo Saraiva de Carvalho, s’était montré nettement moins mesuré en déclarant que « les militaires devaient faire une opération et renverser le gouvernement si celui-ci dépassait les limites. »

Et d’ajouter : « En faisant tomber la dictature, nous avons établi avec le peuple un engagement très fort, celui de créer les conditions pour un accès réel aux droits sociaux, économiques et culturels, niés pendant quarante-huit ans. Nous avons assumé cet engagement, mais nous nous en éloignons avec la classe politique actuelle. »

Quoi qu’il en soit, les militaires portugais ne sont pas prêts à suivre les injonctions du capitaine Carvalho, ce qui n’a cependant pas empêché des milliers d’entre eux (entre 5.000 et 10.000 selon les estimations) à manifester en civil dans les rues de Lisbonne, le 10 novembre, contre les nouvelles mesures de rigueur budgétaires prévues pour être appliquées l’an prochain.

« On subi coupe après coupe et il n’y a pas de lumière au fond du tunnel » a expliqué un militaire de 40 ans, dont les propos ont été rapportés par l’AFP. « Ces mesures d’austérité nous touchent beaucoup et la spécificité de notre statut n’est pas sauvegardée », a renchéri un officier supérieur de la marine, qui a prétendu avoir perdu 500 euros sur sa solde mensuelle depuis 2010.

Outre les incidences sur leur niveau de vie, les militaires portugais ont également dénoncé le manque de moyens, notamment pour assurer l’entretien de leurs équipements et la formation.

En outre, ils sont adopté par acclamation une déclaration selon laquelle ils se sont engagés à « ne pas réprimer les protestations de citoyens indignés par les restrictions abusives. » Ces militaires ont prévu de manifester à nouveau le 27 novembre prochain, date à laquelle le Parlement portugais se prononcera sur le prochain budget.

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