La Turquie veut déployer des batteries antimissiles Patriot à sa frontière avec la Syrie

« Dans le cadre de la préparation aux éventualités, tout est discuté », a affirmé, le 7 novembre, à Bruxelles, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, en répondant à une question qui lui était posée au sujet du déploiement éventuel, dans le cadre de l’Otan, de batteries antimissiles Patriot près de la frontière syrienne.

De son côté, le président turc, Abdullah Gül, a souligné que son pays se « réserve le droit de se doter de tout type d’armes afin d’assurer sa défense contre toute menace syrienne. » Et d’ajouter : « Les Patriot (…) sont discutés au sein de l’Otan. Il n’est que naturel pour nous de prendre toutes les mesures nécessaires pour notre propre défense. »

« Cette question (des Patriot) arrive également à l’ordre du jour dans le cadre de délibérations, de préparatifs et de la planification d’urgence sur la sécurité de la Turquie et des territoires de l’Otan », a pour sa part expliqué Selçuk Ünal Ünal, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Pour autant, selon le Premier ministre turc, Recep Erdogan, a indiqué qu’aucune requête allant dans ce sens n’avait été jusqu’à présent déposée auprès de l’Otan. Mais le département d’Etat américain a reconnu, ce 8 novembre, que des discussions concernant « l’appui défensif dont la Turquie pourrait avoir besoin » sont en cours depuis « des mois » avec Ankara et l’Otan.

« A ce jour, nous n’avons pas reçu de requête formelle de l’Otan, mais vous savez que dans le passé nous avons soutenu la Turquie avec des Patriot » a souligné Victoria Nuland, la porte-parole de la diplomatie américaine, en faisant référence à la guerre du Golfe de 1991 et à l’opération Iraqi Freedom de 2003.

Les batteries antimissiles Patriot ayant une vocation défensive, l’idée d’en déployer près de la frontière turco-syrienne laisse à penser qu’Ankara redouterait une escalade militaire dans le conflit syrien.

Or, hormis la crainte de voir s’abattre des missiles Scud sur son sol, ces systèmes ne sont pas appropriés aux menaces auxquelles la Turquie est exposée. Jusqu’à présent, et après l’affaire de l’avion RF-4 Phantom abattu par la défense aérienne syrienne, seuls des obus prétendument tirés par les forces loyales à Bachar el-Assad sont tombés du mauvais côté de la frontière. Ce qui a donné lieu, à chaque fois que c’est arrivé, à des tirs de ripostes de l’armée turque, qui a par ailleurs renforcé ses moyens dans la région.

Le quotidien turc Milliyet avance, quant à lui, une autre piste : ce déploiement de moyens de défense sol-air  viserait à imposer une zone d’interdiction de 60 km de profondeur en territoire syrien, ce qui empêcherait le bombardement des zones situées entre la frontière et la ville syrienne d’Alep.

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