Les Nations unies prennent des sanctions contre le réseau Haqqani

Deux mois après avoir été placé sur la liste américaine des organisations terroristes, le réseau Haqqani, un groupe jihadiste proche d’al-Qaïda et actif dans l’est de l’Afghanistan, a été ajouté, le 5 novembre, à la liste noire du Comité des sanctions des Nations unies.

Fondé par Jalaluddin Haqqani dans les années 1980, cette organisation avait bénéficié, à l’époque, d’une aide américaine pour combattre l’armée Rouge, ainsi que du soutien de l’Arabie Saoudite et du Pakistan.

Premier chef de guerre afghan à reprendre une ville aux troupes communiste, en l’occurrence celle de Khost, Jalaluddin Haqqani, converti très tôt aux thèses islamistes, a notamment été le ministre des Frontières et des Affaires tribales du gouvernement taleb en 1996.

Depuis la chute du régime taleb, en 2001, consécutive à l’opération militaire menée en Afghanistan sous la conduite des Etats-Unis, le réseau Haqqani s’est replié dans la région tribale pakistanaise du Nord-Waziristan. A partir de 2006, le groupe a intensifié ses attaques dans l’est afghan, dans le cadre de l’offensive de printemps lancée par les taliban.

Sous la houlette de Sirajuddin Haqqani, l’un des fils de Jalaluddin Haqqani, qui en assure le commandement opérationnel, ce réseau, fort de ces alliances avec al-Qaïda et les taliban pakistanais, tend à prendre une dimension transnationale. Du moins, telle est son ambition.

Par ailleurs, il serait à l’origine de plusieurs attentats à Kaboul, dont celui commis en septembre 2011 contre l’ancien président afghan (1992-1996) Burhanuddin Rabbani, qui était alors à la tête du Haut Conseil pour la paix, chargé des négociations avec les insurgés.

Quoi qu’il en soit, les Etats membres des Nations unies ont désormais l’obligation de geler les avoirs des membres du groupe Haqqani, de leur imposer une interdiction de voyager ainsi qu’un embargo sur les armes.

Côté américain, l’on se félicite de cette décision. « L’initiative prise (…) par le Conseil de sécurité renforce ces sanctions (américaines, ndlr) et confirment la volonté de la communauté internationale de mettre fin à la capacité d’Haqqani de mener des attaques violentes en Afghanistan » a déclaré Susan Rice, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies.

En revanche, le porte-parole du gouvernement pakistanais, Qamar Zaman Kaira, a estimé que ces sanctions prises à l’encontre du réseau Haqqani n’étaient pas « nécessaires » étant donné qu’elles sont déjà en vigueur dans son pays.

Sauf que l’Inter-Service Intelligence (ISI), les services de renseignement pakistanais, entretient des relations anciennes et étroites avec le réseau Haqqani. En 2011, l’ancien chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Mullen, avait même mis les pieds dans le plat en affirmant que le Pakistan menait une guerre par procuration en Afghanistan en via ce mouvement.

Le soutien apporté par l’ISI aux insurgés afghans s’explique par la volonté d’Islamabad de s’assurer une profondeur stratégique face à l’Inde une fois que les troupes de l’Otan auront quitté l’Afghanistan. En clair, il s’agit de miser sur un retour au pouvoir des taliban à Kaboul et de revenir à la situation qui prévalait avant 2001.

D’ailleurs, ce n’est peut-être pas un hasard si les sanctions contre le réseau Haqqani ont été votées par un Conseil de sécurité présidé pendant le mois de novembre par l’Inde… En attendant, tant que l’ISI le soutiendra, ces mesures risquent d’être sans effet sur le réseau Haqqani, si ce n’est qu’elles empêcheront ses responsables de voyager ailleurs que dans la région Af/Pak.

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