Les gendarmes ont-ils raison d’annoncer leurs contrôles routiers via Facebook?

Depuis un mois, le groupement de gendarmerie du Var a ouvert une page dédiée à ses activités sur le réseau social Facebook. Cela peut paraître banal étant donné que d’autres unités militaires en ont fait de même. Sauf que là, les gendarmes varois utilisent ce canal pour annoncer la tenue de contrôles routiers dans leur département.

« Nous porterons aujourd’hui une attention particulière sur la RN7, où nous avions relevé de nombreuses infractions il y a quinze jours. Pour rouler longtemps, roulez prudent! » peut-on en effet lire sur cette page intitulée « Gendarmerie du Var ».

Au premier abord, l’on pourrait penser que l’intérêt d’un contrôle routier est qu’il soit inattendu. L’automobiliste qui a bu plus que de raison risque de ne pas se faire prendre s’il sait que les gendarmes seront présents sur cette RN7. Il lui suffira de prendre une autre route (du moins s’il a encore les neurones en état de marche).

Autre exemple : les gendarmes auraient-il pu arrêter la militante basque Aurore Martin lors d’un contrôle routier si ce dernier avait été annoncé à l’avance? D’après le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, la jeune femme, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, a été interpellée car elle n’avait pas son permis de conduire, ce qui a donné lieu à une recherche dans le fichier des personnes recherchées. Cela étant, cette version a été depuis contredite par des témoignages publiés par le quotidien Sud Ouest.

Quoi qu’il en soit, l’essentiel pour le commandant le groupement de gendarmerie du Var, le colonel Damien Choutet, qui est à l’origine de cette initiative, est de faire de la prévention tout en faisant passer le message que les gendarmes sont là pour assurer la sécurité des citoyens et n’ont pas seulement un rôle répressif.

« Nous avons un rôle de prévention. Si les usagers de la route savent que nous réalisons des contrôles et qu’ils ne prennent pas le volant en ayant consommé de l’alcool c’est une bonne chose. Nous le faisions déjà dans le cadre de partenariat avec les boites de nuit. Le principe est le même, seule la forme change » a expliqué l’officier. « Nous ne donnons pas la précision absolue sur le lieu et l’heure des contrôles » a-t-il encore cru bon de préciser.

Si cette page Facebook donne des informations sur les contrôles routiers et permet de communiquer sur la gendarmerie tout en établissant un contact direct avec les citoyens, elle est aussi un moyen pour les gendarmes d’obtenir des renseignements pouvant les aider dans leur travail. Par exemple, l’on peut imaginer qu’elle serve à diffuser des appels à témoins, ou bien à signaler des endroits dangereux pour les automobilistes.

« Certains appellent notre attention sur telle ou telle difficulté, ou certains secteurs dangereux. Cela nous permet aussi de déceler des endroits qu’on n’avait moins pris en compte, des phénomènes qu’on n’avait moins bien analysés et de pouvoir adapter notre politique de contrôle et notre présence sur le terrain » a ainsi confié, à l’AFP, le colonel Choutet.

Le succès de cette initiative peut poser des problèmes. Avec maintenant plus de 5.500 abonnés, il devient compliqué aux gendarmes du Var de faire face à toutes les sollicitations. « Nous lisons vos commentaires avec intérêt mais vous êtes désormais trop nombreux pour que nous y répondions individuellement » peut-on lire sur leur page Facebook. Qui plus est, certains pourraient être tentés d’y dénoncer les auteurs d’infractions en y diffusant, dans un commentaire par exemple, les numéros de plaque d’immatriculation.

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