La Turquie annule l’achat de 3 drones israéliens

Les relations diplomatiques entre la Turquie et Israël, qui étaient autrefois très bonnes, se sont passablement dégradées, notamment en raison de la situation dans la bande de Gaza, théâtre d’une intervention militaire israélienne en décembre 2008, et d’un différend portant sur l’exploitation de gisements de gaz naturel en Méditerranée oritentale.

Pourtant, au cours des années 1990, Israël était devenu l’un des plus importants fournisseurs de la Turquie en matière d’équipements militaires. Récemment, Ankara avait passé commande de 10 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Heron après du groupe israélien IAI.

Dans l’attente de la livraison de ces appareils, l’armée turque avait loué, en 2007 et pour 10 millions de dollars, des drones tactiques Aerostar, conçus par l’entreprise israélienne Aeronautics, avant de finir par en acquérir 3 exemplaires pour 30 millions. Quant aux 10 drones Heron, commandés en 2005,  ils furent livrés cinq ans plus tard.

Seulement, six d’entre eux, victimes de problèmes techniques, furent renvoyés en Israël pour y être revus et corrigés. Cela avait d’ailleurs donné lieu à une nouvelle polémique entre les deux pays, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, ayant, en septembre 2011, accusé l’Etat hébreu de prendre trop de temps pour mettre en état les appareils en question.

« Pour autant que je sache, il y avait six drones. L’argent a été payé et nous attendons et espérons qu’Israël va les livrer après les avoir réparés » avait-il alors lancé à l’époque. « On leur a envoyé des drones, ils ne nous les ont pas restitués, prétextant des problèmes de notre côté. Est-ce que cela est éthique? » avait-il ajouté.

Cela étant, et contrairement à ce que certaines sources ont récemment avancé, les autorités turques n’ont pas annulé le contrat des drones Heron, dont un exemplaire a été endommagé cette année lors d’une opération contre les séparatistes kurdes du PKK, mais celui portant sur l’achat des trois Aerostar.

Selon le quotidien Hurryet, la raison invoquée est que les performances de ces engins tactiques, qui seront renvoyés en Israël, ne conviennent pas aux militaires turcs, lesquels n’ont donné aucune précision supplémentaire. Cela dit, il n’est pas certain que l’Etat hébreu accepte de reprendre les appareils en question… C’est un peu comme si vous décidiez de rendre votre voiture au garage où vous l’avez achetée après avoir roulé avec pendant 3 ans en prétextant qu’elle ne vous convient pas…

Ces drones Aerostar, qui ont une autonomie de 12 heures et qui evoluent à une altitude de 18.000 pieds, sont utilisés à des fins de renseignement. Ce type d’appareil a été notamment commandé par l’US Navy, la Thaïlande et, plus récemment, la Pologne et il a fait ses preuves en Afghanistan. « Le système a accumulé des milliers d’heures de fonctionnement, ce qui lui a donné de la maturité, de la fiabilité et de la crédibilité » fait valoir Aeronautics à son sujet.

Quoi qu’il en soit, et depuis la détérioration des rapports avec Israël, la Turquie s’est tournée vers les Etats-Unis pour obtenir des drones MALE MQ-9 Reaper et MQ-1 Predator. Seulement, Washington n’a pas autotisé la vente de ces matériels, proposant à la place un accès aux renseignements obtenus par ceux de l’armée américaine opérant dans la région.

Pour autant, Ankara a lancé un programme national de drone MALE, avec le Anka, développé par Turkish Aerospace Industries (TAI). Bien qu’un prototype se soit écrasé récemment, les responsables du constructeur turc ont assuré que le projet irait de l’avant, une centaine de vol d’essais ayant été, selon eux, déjà réalisés avec succès.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]