L’Union européenne examinera un soutien militaire pour la reconquête du Nord-Mali

Plusieurs sources ont indiqué, ces derniers jours, que plusieurs des centaines de jihadistes étrangers, essentiellement d’origine soudanaise, sont arrivés au Nord-Mali pour renforcer les groupes islamistes qui en ont pris le contrôle l’hiver dernier, à la faveur d’une offensive lancée contre les forces régulières maliennes.

Afin de rétablir l’intégrité du Mali, une intervention militaire est en cours de préparation au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui compte engager 3.000 hommes pour venir en aide à l’armée malienne. Cette opération est envisagée dans le cadre de la résolution 2071 des Nations unies, qui en a fixé les modalités.

Cela étant, la situation au Nord-Mali, occupé par Ansar-Dine, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a été considérée comme une « menace immédiate » pour l’Europe par les dirigeants de l’Union européenne (UE), à l’occasion du Conseil européen des 18 et 19 octobre.

Aussi, l’UE a indiqué, dans une déclaration finale, qu’elle « examinera la question du soutien à la force militaire internationale dont le déploiement est envisagé dans le cadre de la résolution 2071 du Conseil de sécurité des Nations unies » et « accélèrera la planification d’une éventuelle mission militaire dans le cadre de la PSDC (ndlr, Politique de défense et de sécurité commune) en vue de contribuer à la réogarnisation et à l’entraînement des forces de défense maliennes. »

Il s’agirait ainsi de lancer une mission à l’image de celle qui a permis la formation de soldats somaliens pour combattre les miliciens islamistes Shebab, lesquels sont aussi aux prises avec l’Amisom, la mission de l’Union africaine déployée en Somalie sous mandat des Nations unies.

Cela étant, le nouveau chef d’AQMI pour le Sahel, Yahya Abou el-Hamman, a renouvelé ses menaces contre les ressortissants français que son mouvement détient en cas d’intervention militaire au Nord-Mali, dont le principe est particulièrement défendu par Paris.

« Je veux dire aux familles des otages que l’option de guerre, apparemment décidée par M. Hollande, signifiera nécessairement qu’il aura signé l’arrêt de mort des otages français. (…) M. Hollande en supportera tout seul la responsabilité » a-t-il déclaré, le 20 octobre, l’Agence Nouakchott Information.

Quoi qu’il en soit, les modalités d’un soutien de l’UE aux forces maliennes restent encore à définir. Si le Royaume-Uni et l’Espagne sont prêts à y participer, les intentions d’autres Etats membres restent encore à être précisées. Et le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, aura sans doute encore beaucoup à faire pour convaincre les autres capitales européennes de contribuer à cette opération.

D’ailleurs, cette dernière ne fait pas forcément l’unanimité, y compris en France. Ainsi, Dominique de Villepin, Premier ministre de 2005 à 2007, s’oppose clairement à une intervention militaire au Mali, du moins « dans les conditions actuelles ».

« Il y a deux risques de contresens. Le premier est de penser que la sécurité de la France se joue au Mali. Ce n’est pas vrai. Le deuxième contresens qu’il ne faut pas faire, c’est de penser que l’on va battre les terroristes en faisant la guerre au terrorisme. C’était l’idée des néoconservateurs » a-t-il affirmé sur les ondes de RMC, le 19 octobre, en soulignant que cela va donner un « statut aux terroristes. »

« Nous allons servir sur un plateau à Aqmi un statut de moudjahidin, leur donner ce dont ils rêvent, la capacité de mener un combat religieux contre les forces occidentales même si c’est à travers des forces africaines » a encore ajouté l’ancien Premier ministre.

Et de préconiser « d’isoler les terroristes de la population » en permettant à cette dernière de « retrouver un certains bien être, une sécurité et le service d’un Etat » et de « renforcer l’Etat malien. » Faute de quoi, selon lui, une intervention engendrera « partition, islamisation, terrorisme », c’est à dire « qu’il y aura plus d’otages occidentaux et plus de terrorisme. »

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