Trou d’air annoncé pour les exportations françaises d’armes en 2012

Cette année avait pourtant bien commencé pour les exportations d’armes françaises, avec notamment la commande indienne de 493 missiles air-air Mica (IR/EM) pour 959 millions d’euros. Ont suivi ensuite le contrat décroché par Nexter pour livrer 73 véhicules Aravis à l’Arabie Saoudite, d’un montant évalué à près de 100 millions d’euros ou bien encore les bonnes affaires réalisées par Renault Trucks Defense en Egypte.

Cela étant, et sans donner de chiffres, le délégué général à l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, a admis devant la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale que « les perspectives à l’exportations sont maussades » pour les industriels français de l’armement. « Nous n’atteindrons pas le chiffre de l’an dernier » a-t-il ajouté, alors que l’année 2012 s’annonçait pourtant prometteuse.

En 2011, les prises de commandes à l’étranger concernant les équipements militaires de facture française avaient connu une progression de plus de 2,3 milliards d’euros par rapport à l’année précédente pour atteindre les 6,5 milliards. Cela avait été notamment dû à la commande ferme de deux BPC Mistral à la Russie, au contrat de modernisation des Mirage 2000 indiens.

Cependant, il se pourrait que 2012 se termine sur une bonne note, avec le contrat concernant la modernisation des frégates de la marine saoudienne, lequel, avec un montant d’un milliard d’euros, a de bonne chance de tomber dans l’escarcelle de DCNS.

En attendant, et outre les enjeux géopolitiques, plusieurs raisons peuvent expliquer ce trou d’air pour les exportations françaises d’armement. En premier lieu, la campagne présidentielle a gelé les négociations de contrats en cours. Ainsi, l’on attendait la confirmation de la vente de 60 Rafale aux Emirats arabes unis en mars dernier. Et depuis, elle n’a toujours pas eu lieu.

Qui plus est, et cela n’a sans doute pas contribué à donner de bons signaux aux clients potentiels, le nouveau gouvernement a indiqué qu’elle n’allait pas jouer les VRP, comme le font les Britanniques et l’a fait la précédent pouvoir politique.

« A chacun son métier » avait déclaré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, au quotidien Les Echos, en juin dernier. « La donne a changé en matière d’exportation d’armement. Le temps où l’on arrivait avec un industriel sous un bras, un avion ou un bateau sous l’autre, est révolu » avait-il aussi expliqué.

Ensuite, le Laurent Collet-Billon a avancé, toujours devant les députés, que le « marché se rétrécit », notamment en Europe. En revanche, en Asie, où les dépenses militaires progressent, les industriels français doivent faire face à l’activisme de leurs homologues américains, qui anticipent la baisse du budget du Pentagone dans les 10 années qui viennent.

Enfin, la trop grande sophistication de certains matériels peut constituer un frein à l’exportation. C’est le cas de la frégate multimissions (FREMM). Selon le DGA, et bien qu’elles soient excellentes, « elles ne présentent, à l’exportation, qu’un seul inconvénient, que nous n’avions pas anticipé : c’est leur technicité, qui nécessite des équipages de très haut niveau, qui ne sont pas d’emblée accessibles à toutes les marines du monde. »

Toutefois, si 2012 ne sera pas un bon cru pour les ventes d’armes françaises, il pourrait en aller autrement pour 2013, année au cours de laquelle le contrat portant sur l’achat de 126 Rafale par l’Inde devrait être finalisé. D’autres pourraient également suivre.

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