La Russie envisage d’arrêter un programme de désarmement nucléaire financé par les Etats-Unis

Après avoir durci sa législation à l’égard des organisations non gouvernementales, en qualifiant certaines d’entre elles « d’agent de l’étranger » et demandé à l’Agence américaine pour de le développement international (USAID) de quitter son territoire en l’accusant de chercher à « influencer les processus politiques en accordant des bourses », la Russie envisage sérieusement de ne pas renouveler sa participation au programme de désarmement Nunn-Lugar, qui arrive à expiration en mai 2013.

Lancée en 1991 à l’initiative des sénateurs américains Sam Nunn (Parti démocrate) Richard Lugar (Parti républicain), ce programme, encore appelé CTR (Cooperative Threat Reduction Programs) visait à aider les pays de l’ex-URSS à démanteler, ainsi qu’à contrôler, les armes nucléaires, bactériologiques et chimiques présentes sur leur sol et déclarées en surplus.

A l’époque, et avec l’implosion de l’Union soviétique, le danger était de voir de telles armes échapper à tout contrôle. Cette menace, qui a d’ailleurs inspiré bon nombre de fictions, était bien réelle.

« Si les Soviétiques font du bon travail de contrôle de leur stock d’armes nucléaires – supposons qu’ils en aient entre 25.000 et 30.000, c’est une estimation – et s’ils ont un taux de réussite de 99% dans ce travail, cela signifiera qu’on pourra encore avoir jusqu’à 250 bombes qu’ils n’auront pas été capables de contrôler » avait expliqué, en décembre 1991, Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense du président Georges H. Bush.

Aussi, le programme Nunn-Lugar a consisté à financer les opérations de démantèlement de ces armes de destruction massive. En 20 ans, ce sont ainsi 6.000 ogives nucléaires russes qui ont fait l’objet d’un tel traitement. Et des pays comme l’Ukraine, la Biélorussie ou encore le Kazakhstan ont été débarrassés de leur arsenaux bien encombrants.

Cependant, ces opérations accomplies dans le cadre du CTR ont très certainement permis aux services de renseignements américains de glaner des informations sensibles concernant les armes russes. Ce qui explique une des raisons pour lesquelles Moscou envisage d’y mettre un terme.

« La Russie a signifié aux Etats-Unis qu’elle ne voulait pas prolonger sa participation au programme de désarmement Nunn-Lugar, qui vise depuis la fin de l’URSS à assurer la destruction d’armes nucléaires et chimiques » a en effet affirmé, le 10 octobre, Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères.

« Cet accord ne nous convient pas, a fortiori si l’on tient compte du fait que la situation a changé en Russie, que nos capacités financières se sont nettement renforcées » a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Une grande partie de ce qui était effectué grâce au programme Nunn-Lugar est achevé et ne constitue plus un problème. »

« Moscou souhaite une coopération normale, d’égal à égal et mutuellement avantageuse dans le domaine concerné, y compris (pour des programmes) concernant des pays tiers, a encore affirmé Sergueï Riabkov.

Côté américain, l’ambassadeur des Etats-Unis en Russie, Michael McFaul, a déclaré que des négociations sont en toujours en cours afin de continuer ce programme. « Nous attachons une grande importance à notre coopération avec la Russie dans le cadre du programme Nunn-Lugar et estimons que les Etats-Unis et la Russie ont encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine, notamment dans des pays tiers » a fait valoir le Pentagone, selon Ria Novosti.

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