Bientôt une opération américaine pour « punir » les responsables de l’attaque contre le consulat de Benghazi?

Qui est derrière l’attaque menée le 11 septembre dernier contre le consulat américain de Benghazi, au cours de laquelle Chris Stevens, l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye a perdu la vie, ainsi que trois de ses compatriotes?

Dans un premier temps, l’administration Obama a donné l’impression de tergiverser, en ne reconnaissant que tardivement qu’il s’agissait bel et bien d’une action terroriste et non la conséquence d’un rassemblement spontané contre un film jugé blasphématoire.

Il y a deux semaines, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a évoqué, lors d’une réunion concernant la situation au Mali, l’influence d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) sur « d’autres groupes extrémistes violents » qui sapent « les transitions démocratiques en cours en Afrique du Nord, comme nous l’avons vu de manière tragique à Benghazi. »

Quoi qu’il en soit, pour les autorités libyennes, les responsables de l’attaque contre le consulat américain sont à chercher du côté de la brigade salafiste Ansar al-Charia Benghazi (ACB) , qui, fondée en novembre 2011 par Muhammad al-Zahawi , s’était installée dans une ancienne caserne de l’armée libyenne située dans la capitale de la Cyrénaïque, avant de s’en faire déloger lors d’une manifestation le 22 septembre dernier. Les protestataires s’en sont également pris à la milice « Rafallah Sehati », une autre organisation islamiste.

Pour compliquer la donne, un autre mouvement appelé également Ansar al-Charia Derna a été accusé d’être impliqué dans cette affaire. L’un de ses fondateurs, un certain Sufyan Ben Qumu, est notamment passé par Guantanamo avant d’être remis à Tripoli en 2007.

Membre du Groupe islamique combattant en Libye, proche de l’organisation fondée par Oussama ben Laden, Sufyan Ben Qumu fut libéré de prison en 2010 dans le cadre d’une amnistie décrétée par le colonel Kadhafi. Selon Fox News, il aurait été vu devant le consulat américain le soir de l’attaque. Mais cette information a été démentie par la suite, tout comme les responsables d’Ansar al-Charia Benghazi ont nié la présence de leur brigade sur les lieux.

Cela étant, une piste qui n’a été que très peu évoquée est celle des Brigades du cheikh Omar Abdel-Rahman, du nom de l’auteur du premier attentat perpétré contre le World Trade Center, en 1993, actuellement en détention aux Etats-Unis. Ce mouvement a déjà revendiqué plusieurs attaques par le passé, dont une, déjà, contre le consulat américain.

Il est donc compliqué de faire la part des choses, surtout à Benghazi où, par ailleurs, de nombreux assassinats d’officiers ayant servi sous le régime du colonel Kadhafi ont eu lieu ces derniers mois.

Afin de tenter d’y voir plus clair, une équipe du FBI s’est rendue, le 4 octobre, en Cyrénaïque pour « constater les dégâts » subis par le consulat et « recueillir des preuves ». Pour cela, ils étaient  accompagnés par des militaires américains, chargés de leur sécurité.

Mais, selon des médias américains, dont CNN et le New York Times, ce travail de recherche n’est pas du seul ressort du FBI puisque les forces spéciales américaines seraient également dans la région de Benghazi afin de chercher des renseignements sur les auteurs de l’attaque contre le consulat.

« Les unités d’opérations spéciales emploient différentes méthodes pour enquêter, incluant l’interception de communications, des images satellites et obtenues par des drones ainsi que par des rencontres avec des personnes susceptibles d’avoir des informations » indique CNN, qui cite un responsable américain ayant requis l’anonymat. Et d’ajouter : « les renseignements recueillis servent à définir un ensemble d’objectifs au cas où une action militaire serait décidée par le président (ndlr, Obama) ». Il s’agit avant tout de démontrer en quoi une cible peut elle être frappée et de préciser les armes susceptibles d’être utilisées afin de limiter les risques de dommages collatéraux.

Ainsi, CNN n’a fait que confirmer une information donnée le 2 octobre par le New York Times. « En collaboration avec le Pentagone et la CIA », a écrit le quotidien, l’USSOCOM « prépare une première étape en prévision d’un ordre possible du président Obama visant à prendre des mesures contre ceux qui ont joué un rôle dans l’attaque » contre le consulat américain de Benghazi. Car pour des responsables militaires de « haut rang » et du contre-terrorisme, la faiblesse des autorités libyennes fait que ces dernières sont incapables d’arrêter les individus impliqués dans cette affaire.

Cette éventuelle opération militaire comprendrait des frappes de drones (des appareils sont basés en Italie et, apparemment, ils sont actuellement utilisés pour le renseignement) ainsi que des raids à l’image de celui qui a permis de tuer Ben Laden.

Seulement, une action unilatérale décidée par Washington n’est pas sans comporter des problèmes et des risques. En premier lieu, le gouvernement libyen y est hostile car ce serait une violation de la souveraineté de Tripoli. Et nul ne sait quelle pourrait être la réaction de la population civile à l’égard des Etats-Unis par la suite.

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