La Turquie menace la Syrie d’une intervention militaire

Après l’affaire de l’avion RF-4 Phantom turc abattu par la défense aérienne syrienne, en juin dernier, alors qu’il effectuait une mission de « reconnaissance et d’entraînement », un nouvel incident entre Ankara et Damas s’est produit le 3 octobre, avec la chute d’un obus sur la localité d’Akçakale, située en en face du poste-frontière de Tall al-Abyad, en Syrie. Le bilan est de 5 tués (une mère de famille et ses enfants) et de 9 blessés.

Seulement, et juste après la perte du RF-4 Phanton de ses forces aériennes, Ankara avait mis en garde le régime de Damas en cas d’un nouvel incident grave. « Tout élément militaire qui posera un risque et un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie, sera considéré comme une cible » avait en effet affirmée Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre turc.

D’où la riposte des forces turques face à leurs homologues syrienne, lesquelles combattent les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL). A noter que ces derniers, qui contrôlent le poste frontière visé, disposent de bases de repli en Turquie, tout comme d’ailleurs le Conseil national syrien, c’est à dire l’opposition politique au régime de Bachar el-Assad, qui a des facilités à Istanbul.

« Cette attaque a fait l’objet d’une riposte immédiate de nos forces armées (…) qui ont bombardé le long de la frontière des cibles identifiées par radar », a fait savoir M. Erdogan, par voie de commniqué. « La Turquie ne laisserait jamais impunies de telles provocations du régime syrien », a-t-il ajouté.

Dans la foulée, et conformément à l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, qui précise que « les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée », les ambassadeurs des 28 pays membres de l’Otan se sont réunis à Bruxelles, à la demande d’Ankara, pour évoquer cet incident.

A l’issue de cette réunion, au cours de laquelle il n’a pas été question du fameux article 5, lequel dit qu’une attaque contre l’un des membres de l’Otan est considérée comme une attaque contre tous les autres, un communiqué a été diffusé. Ainsi, l’incident, qui « constitue une source de grande préoccupation » a été condamné « avec fermeté » par « tous les Alliés ».

Le texte précise également que « l’Alliance continue de se tenir aux côtés de la Turquie, réclame la cessation immédiate de tout acte agressif contre un allié, et exhorte le régime syrien à mettre fin à ces violations flagrantes du droit international. »

Cela étant, et en dépit des excuses et des condoléances adressées par Damas, dont le ministre de l’Information a annoncé l’ouverture d’une enquête au sujet de l’incident en question, l’armée turque a poursuivi ses bombardements tout au long de la nuit du 3 au 4 octobre, notamment contre des objectifs situés dans le secteur de Rasm al-Ghazal, près du poste frontière de Tall al-Abyad. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, proche de l’insurrection, plusieurs soldats auraient été tués.

Plus tard, le Parlement turc a adopté une motion qui, présentée par le gouvernement, autorise l’armée à mener « si nécessaire » des opérations en Syrie au nom de la « sécurité nationale », et cela pour une durée d’un an. Selon la Constitution turque, cette démarche est nécessaire avant toute intervention militaire à l’étranger.

Cependant, le vice-Premier ministre turc, Besir Atalay, a tenu à préciser que le texte adopté « n’est pas une motion pour la guerre », mais qu’il a une « vertu dissuasive ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]