Le Drian : « Défendre l’intégrité du Mali, c’est défendre la sécurité de l’Europe »

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a précisé la politique de la France à l’égard de la situation au Nord-Mali, contrôlé par des groupes islamistes, au quotidien 20minutes de ce jour.

Ainsi, le locataire de l’Hôtel de Brienne a une nouvelle fois réaffirmé l’urgence qu’il y a à agir dans cette région afin d’éviter qu’elle devienne un sanctuaire pour les jihadistes. « Chaque semaine perdue fait le jeu des terroristes » a-t-il confié, et cela d’autant plus que ces derniers, a-t-il précisé, « profitent d’une forme de déshérence de l’Etat malien pour progresser vers le Sud. »

Et le danger que cette situation suscite ne concerne pas que la France. « Défendre l’intégrité territoriale du Mali, c’est défendre la sécurité de l’Europe » a-t-il affirmé. D’où la volonté de Paris d’associer les Etats membres de l’Union européenne au règlement de cette affaire, qui passe par une « accompagnement » des forces armées maliennes ainsi que celles de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), voire de l’Union africaine.

« Il a été convenu que l’Union européenne fera le 15 octobre des propositions de participation de l’Europe à cette stratégie. Il y a donc un soutien européen à la démarche » a précisé Jean-Yves Le Drian, avant d’estimer qu’il s’agit avant tout d’une « affaire européenne » dans laquelle l’Otan n’a aucun rôle à jouer.

En fait, et selon le quotidien Le Monde (édition du 3 octobre), il s’agirait de mettre sur pied d’une mission européenne (European Union Training Mission) à l’image de celle qui a été créée en avril 2010 pour former les forces gouvernementales somaliennes. L’idée serait d’envoyer une centaine d’instructeurs européens pour donner une instruction à 4 ou 6 bataillons de l’armée malienne, dont l’état ne permet pas, à l’heure actuelle, d’envisager sa participation à la reconquête des territoires qu’elle a laissés aux islamistes.

Et Jean-Yves Le Drian l’a encore rappelé, il n’est absolument pas question de prendre part aux combats éventuels qui seront menés pour chasser AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique), Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) du Nord-Mali. « A ce stade, nous n’envisageons pas de combattre au sol » a-t-il affirmé.

Ce qui ne ferme pas la porte, pourrait-on comprendre, à un éventuel engagement de moyens aériens, réclamé par le Premier ministre intérimaire malien. Toutefois, a tenu à dire le ministre, « dans  l’état actuel des choses, cette question ne se pose pas ». Et d’ajouter : « Nous en sommes à la définition d’une procédure qui doit aboutir à une décision des Nations Unies. »

Par ailleurs, Jean-Yves Le Drian a expliqué que la France est « en soutien » des pays africains concernés. « C’est-à-dire l’accompagnement de l’organisation, l’expertise, la formation, la logistique » a-t-il détaillé. Quant au recueil de renseignements, le ministre a indiqué que « cela fait partie de la logistique… »

Enfin, quant à la présence de forces spéciales françaises dans la région, démentie par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius (alors qu’elle est pourtant avérée!), Jean-Yves Le Drian n’a pas souhaité faire de commentaires, si ce n’est de rappeler que les unités du Commandement des Opérations Spéciales (COS) ne font pas partie des « services secrets. » « Elles ne mènent pas d’interventions clandestines, sont donc visibles et n’interviennent qu’avec l’accord des gouvernements en place » a-t-il rappelé.

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