Un rapport parlementaire s’inquiète des lacunes capacitaires de la Royal Navy

En octobre 2010, le gouvernement britannique a décidé, dans le cadre de la « Strategic Defense and Security Review » (SDSR), de mettre un terme au programme d’avion de patrouille maritime Nimrod MRA4, destiné à remplacer la version MR2, retirée du service actif en mars de cette année-là.

Ayant coûté 4 milliards de livres pour leur développement, ces 9 appareils étaient attendus pour assurer des missions essentielles au profit de la flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Royal Navy en assurant la sécurité des abords de la base de Faslane, en Ecosse. Outre cette tâche, les avions PATMAR peuvent également être utilisés pour coordonner les opérations de sauvetage en mer ou bien encore pour lutter contre les trafics.

A l’époque, le ministère britannique de la Défense (MoD) avait assuré que les missions dévolues aux Nimrod MRA4 pouvaient être aussi bien confiées à d’autres moyens, comme par exemple des hélicoptères et des C-130 Hercules dotés d’équipements spécifiques ainsi que des frégates anti-sous-marines.

Pour autant, cette décision d’envoyer à la ferraille les Nimrod MRA4 déjà assemblés (ce qui a coûté 200 millions de livres), avait suscité les critiques sévères de 6 anciens officiers supérieurs britanniques dans les colonnes du Daily Telegraph.

Pour eux, l’arrêt de ce programme risquait de « porter sérieusement atteinte aux intérêts du pays sur le long terme » et que rien ne pouvait « remplacer la contribution stratégique multi-rôle du Nimrod ». Cette décision de se passer de ces avions PATMAR allait à contre-courant de la tendance générale, étant donné que d’autres pays se comptaient se doter, à l’époque, de moyens comparables.

Plus d’un an plus tard, le comité de la Défense de la Chambre des communes est allé dans le sens des critiques formulées par ces anciens officiers, en publiant un rapport dans lequel il a exprimé ses inquiétudes et ses doutes au sujet des capacités de surveillance maritime de la Royal Navy.

« Nous ne sommes pas convaincus que le ministère de la Défense a la capacité de répondre à toute escalade dans les risques qui peuvent apparaître au-delà des côtes du Royaume-Uni » a déclaré James Arbuthnot, le président du comité. « En outre, a-t-il ajouté, nous estimons que le problème est susceptible de s’aggraver à moyen terme avec la disparition d’autres moyens de surveillance maritime », notamment avec le retrait des 4 frégates ASM type 22 et celui, programmé, des hélicoptères Sea King en 2016.

D’ailleurs, la mise hors service de la version « Airborne Surveillance and Control » (ASaC) de ces hélicoptères risque de poser la question des capacités de guêt aérien de la marine britannique tant que leurs successeurs, probablement des AW-101 Merlin équipés pour assurer cette mission, ne seront pas opérationnels. Ce qui devrait prendre 4 ans pour que cela soit le cas.

Quoi qu’il en soit, le MoD a défendu l’arrêt du programme Nimrod MRA4, en avançant que c’était « la bonne décision », étant donné que le seul exemplaire livré « n’avait pas passé les tests de navigabilité aérienne » et qu’il fallait encore des « financements considérables » pour remédier aux problèmes techniques constatés. Et puis cela a permis d’économiser 2 milliards de livres sur 10 ans.

Cela étant, la question de d’acquérir ou pas des avions de patrouille maritime devrait être prise à l’occasion de la révision de la politique de défense et de sécurité en 2015. Mais en attendant, quelques constructeurs se sont mis sur les rangs en faisant des propositions au MoD, comme par exemple Boeing (P-8 Poseidon), EADS (C-295 Persuader) ou encore Saab (340 MSA).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]