Un square « Général Bigeard » fait polémique

Le 23 juin dernier, à la suite d’une décision de son conseil municipal votée quelques semaines plus tôt, la ville d’Aix-les-Bains inaugurait un square portant le nom « Marcel Bigeard ».

Soldat devenu général de corps d’armée, puis secrétaire d’Etat à la Défense nationale lors de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, héros de la Résistance et de la guerre d’Indochine, et plus particulièrement de Dien Bien Phu, où il souhaitait que ces cendres fussent dispersées pour rejoindre celles de ces compagnons d’armes qui y étaient tombés, précurseur des premières opérations héliportées en Algérie où il a été notamment un des acteurs de bataille d’Alger, l’on ne présente plus le général Marcel Bigeard, dit « Bruno », décédé le 18 juin 2010 à Toul.

Mais pour certains, le général Bigeard ne mérite pas les hommages qui lui sont rendus. A cause des guerres coloniales auxquelles il a participé, pourtant décidée par le pouvoir politique de l’époque. « Le guerrier ne fait que porter l’épée pour le compte des autres… »

Ainsi, à Aix-les-Bains, l’initiative du député-maire, Dominique Dord (UMP) de donner le nom du général Bigeard à un square de la ville ne fait pas l’unanimité. Déjà, l’opposition municipale avait voté contre ce projet quand il avait été soumis au débat, estimant que « la réputation de cet ancien combattant était entachée de zones d’ombre lors des combats en Algérie ».

Et cette dernière ne désarme pas, à l’image de la section locale du Parti communiste qui compte organiser une cérémonie, le 22 septembre, pour rebaptiser symboliquement le lieu en question « square de la Paix et de la Solidarité entre les Peuples ».

Et son secrétaire, Yann Del Rio, de s’en expliquer dans les colonnes du Dauphiné Libéré : « La municipalité d’Aix a fait une sorte de réécriture de l’histoire et a gommé les exactions du général Bigeard, aussi bien en Indochine qu’en Algérie. Son passé de résistant durant la Seconde guerre mondiale ne peut racheter son comportement de tortionnaire. »

Seulement, le général Bigeard n’a jamais été condamné pour des faits de torture, mais s’il a été accusé d’en avoir commis par ses ennemis. A ce sujet, « Bruno » avait déclaré que c’était « un mal nécessaire ». « Nous avons fait face à une situation impossible » avait-il dit au sujet des opérations en Algérie.

Pour mémoire, le gouvernement de Guy Mollet, y avait obtenu, grâce aux voix communistes à l’Assemblée nationale, « les pouvoirs les plus étendus pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances, en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire », le 12 mars 1956.

Par ailleurs, il peut être toujours utile de rappeler comment ont été traités, en Indochine, les soldats français faits prisonniers par le Viet-Minh, soutenu par certains milieux politiques en France au point que les blessés du Corps expéditionnaire  en Extrême-Orient étaient débarqués en catimini pour éviter les manifestations hostiles à leur égard. Et l’on passe sur les munitions trafiquées (voir à ce sujet le livre de Paul Bonnecarrère, « Par le sang versé : La Légion étrangère en Indochine« ).

« La vraie douleur, la seule chose que je ne pardonne pas aux Viets, ce sont les huit mille morts pendant ces quatre mois de captivité. Cruauté inutile, inhumanité. Giáp était un grand général, mais sa doctrine, le marxisme, était inhumaine. L’ancien capitaine vietminh m’a dit : ‘Nous n’avons tué aucun prisonnier.’ C’est vrai, ils les ont laissés crever, alors qu’il aurait été si facile de sauver tout le monde. Je l’ai dit : une banane par jour, et on ramenait les gars vivants. Je ne pourrai jamais l’oublier » écrira le général Bigeard, dans son livre « Ma vie pour la France »

En matière de « paix et de solidarité entre les peuples », certains n’ont vraiment aucune leçon à donner.

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