AQMI menace de tuer 4 otages français

Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, sept employés du groupe Areva et de l’entreprise Satom, filiale de Vinci, furent enlevés à Arlit, au Niger, par des hommes appartenant à la katiba d’Abou Zeïd, un responsable d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Deux hommes, l’un togolais, l’autre malgache, furent libérés quelques semaines après leur capture. De même que Françoise Larribe, une ressortissante française. Le groupe terroriste retient donc encore en otage Daniel Larribe, Pierre Legrand, Marc Féret et Thierry Dole.

Depuis, AQMI a étendu sa zone d’influence en s’alliant avec le groupe jihadiste Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) en prenant le contrôle du Nord-Mali (encore appelé l’Azawad).

Cette situation a conduit la France, qui craint l’établissement d’un « sahelistan » dans cette zone, à accorder son soutien aux initiatives de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), qui envisage une opération militaire afin d’aider Bamako à reprendre le contrôle de l’Azawad. Si une telle mission doit avoir lieu – et pour le moment, ses contours peinent à se dessiner – Paris y contribuera en fournissant un appui logistique. En attendant des éléments du Commandement des opérations spéciales (COS) ont été déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Sabre.

Seulement, pour AQMI, l’éventualité d’une intervention militaire de la Cédéao soutenue par la France n’est pas acceptable. Après avoir exigé, il y a deux semaines, une rançon de près de 100 millions d’euros pour libérer ses 4 otages enlevés à Arlit, l’organisation a menacé de tuer ces derniers dans un message publié par Saharamedia.net, le site d’une agence de presse mauritanienne connue pour avoir des contacts avec la mouvance islamiste.

Ainsi, AQMI reproche au gouvernement français d’avoir « l’outrecuidance d’appeler à envahir le pays des musulmans maliens ». « Cette initiative folle », poursuit le texte, « n’aura pas seulement pour conséquence la mort des otages, mais noiera la France toute entière dans les marécages de l’Azawad (Nord du Mali), ce qui aura pour conséquence pour elle et pour son peuple davantage de malheurs et de drames. »

S’adressant directement aux proches des 4 otages, ce qui est inhabituel, AQMI affirme que « c’est  le gouvernement français qui a fermé la porte aux négociations et continue de mettre en danger la vie de vos fils. » Et d’assurer : « Au contraire, nous sommes toujours ouverts à la négociation (…) nous attendons de votre gouvernement qu’il fasse le premier pas, juste en prenant contact avec nous, afin de pouvoir tenir ses dernières promesses et assurances aux familles. »

Ces menaces sont évidemment à prendre très au sérieux, d’autant plus que le contexte est tendu après la diffusion du film « L’Innocence des musulmans »,  les responsables d’AQMI ayant appelé à des actions contre les diplomates à tuer les diplomates et représentants américains ou à les chasser pour purifier le territoire de leur obscénité et venger » l’honneur de Mahomet.

Qui plus est, le chef de la katiba d’AQMI qui détient les 4 ressortissants français a déjà fait parler de lui, par le passé, pour sa brutalité et sa versalité (ce qui complique les discussions, déjà embrouillées par l’existence de deux équipes de négociateurs français). En 2009, Abou Zeid avait ainsi fait assassiner le britannique Edwyn Dyer. « Que Gordon Brown (Premier ministre du Royaume-Uni à l’époque, ndlr) et son gouvernement belliqueux récoltent les fruits de leur politique insensée à l’égard des musulmans » avait-il justifié. Il est aussi le responsable de la mort de Michel Germaneau, en 2010.

Cela étant, l’importante rançon exigée pour rendre la liberté à ces 4 otages tempère la menace. En effet, AQMI a besoin de beaucoup d’argent afin d’administrer l’Azawad. A titre d’exemple, la centrale thermique de Tombouctou demande chaque jour quelques milliers d’euros pour fonctionner… Aussi, le message de l’organisation terroriste peut être aussi un moyen de faire pression sur Paris pour accélérer le versemement des 100 millions d’euros demandés.

Par ailleurs, le message de fait aucune mention de Serge Lazarevic et de Philippe Verdon, deux autres otages français enlevés par AQMI à Hombori, le 24 novembre 2011. L’on n’est sans nouvelles des deux hommes, qui comptent maintenant plus de 300 jours de captivité, depuis la diffusion d’une vidéo en avril dernier.

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