Le Normandie-Niémen fête ses 70 ans

Créé le 1er septembre 1942, le Régiment de Chasse 2/30 « Normandie-Niémen » fête dignement aujourd’hui ses 70 années d’existence à Mont-de-Marsan. Pour l’occasion, un Rafale a reçu une magnifique livrée (photo) rappelant celle des Yak dont cette unité des Forces aériennes françaises libres (FAFL) était dotée à ses débuts, en Russie.

Le « Neu-Neu » comme on l’appelle familièrement (et aussi avec affection) est l’une des unités les pus prestigieuses de l’armée de l’Air. Mise en sommeil en 2009, elle vient de renaître à Mont-de-Marsan, équipée désormais de Rafale.

Au cours de son engagement en Russie lors de la Seconde Guerre Mondiale, le Neu-Neu a obtenu 273 victoires homologuées et 37 autres probables, effectué 5.240 missions et pris part à 869 combats aériens. Mais dans le même temps, il a perdu 42 pilotes sur les 97 qu’il a comptés à cette période. Parmi eux, l’on trouve pas moins de 21 Compagnons de la Libération, dont Marcel Albert, Roland de la Poype, Marcel Lefevre, Albert Littolf, Joseph Pouliquen, Joseph Risso, Jean Tulasne ou encore Pierre Pouyade.

D’autres qui n’ont pas reçu cette décoration ont eu également un comportement admirable. Comment ne pas citer Roger Sauvage, « ce grand garçon, merveilleux combattant, que ses 15 victoires officielles classent parmi les tout premierd as de l’aviation française », pour reprendre les mots du colonel Pouyade à son sujet? Ou encore l’héroïque Maurice de Seynes et Albert Preziosi, dont la base aérienne de Solenzara porte le nom et qui a ouvert le compteur des victoires homologuées du Neu-Neu?

En avril 1943, le groupe de chasse Normandie venait d’arriver à Polotniani-Zavod, à plusieurs dizaines de kilomètres du front. Affectée à la Ière armée aérienne soviétique, commandée par le général Khondiakov, l’unité reçut trois missions principales : protéger les bases du secteur et les troupes au sol, intercepter tout avion de reconnaissance ennemi, escorter et protéger les bombardiers P2.

Pendant une dizaine de jours, les pilotes du Normandie rongèrent leur frein, en partageant leur temps entre les fausses alertes et l’attente sanglés dans leur Yak. Mais le 5 avril, les choses sérieuses commencèrent. Compagnon de Libération, Albert Durand, qui sera hélas abattu le 1er septembre de la même année, raconte (*) : « Deux Focke Wulf. Au retour. On était « en pigeonnier », au-dessus du P.2. Ils ont foncé comme à l’hallali. Ils ne nous ont pas vus. Preziosi s’est mis dans la queue du premier. Une seule rafale a suffi. Plein arrière et à peine à 50 mètres. Le Frisé a piqué droit sur le sol. J’ai eu le second par trois quarts avant. Il s’est tiré en perdant de l’altitude et en crachant de la fumée noire ».

A peine la nouvelle de ces deux victoires connue, le major Dymtchenko, commandant le 261ème régiment de bombardiers vint remercier en personne les deux pilotes. « Franzouskis!… Ah! Franzouskis!… Vous avez sauvé l’un de mes avions. Notre général Khondiakov avait raison… Confiance et affection à nos amis français! » (*).

(*) « Normandie-Niémen », Yves Courrère – Editions Presses de la Cité

Photo : publiée avec l’amabilité du 2/30 Normandie-Niémen (c) Philippe Chaillet

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