Les premiers F-35 japonais coûteront 50% plus chers que prévu

En décembre 2011, et à vrai dire sans grande surprise, le Japon annonçait son intention d’acquérir, pour 4,7 milliads de dollars, 42 avions de combat américains de type F-35A afin de remplacer les F-4 Phantom de ses forces aériennes d’auto-défense. Et cela, aux dépens du F-18 Super Hornet et de l’Eurofighter Typhoon et malgré le fait que l’offre soumise par Lockheed-Martin était la plus chère et la moins sûre pour ce qui concerne le calendrier des livraisons.

Aussi, et comme le développement du F-35 ne cesse de générer des surcoûts depuis son lancement, au point que le Pentagone, qui compte en faire l’épine dorsale de ses forces aériennes, a été contraint d’étaler ses commandes, le ministre japonais de la Défense avait prévenu, en février, qu’en cas de dépassement de la facture ou de retards dans les délais, Tokyo renoncerait à cet achat.

Quelques mois plus tard, l’avertissement du ministre tombait à plat : le 29 juin, le gouvernement japonais annonçait la commande ferme de 4 F-35A à un prix unitaire d’un peu plus de 128 millions de dollars, soit 10 millions de plus par rapport à ce qui avait été convenu, ainsi que celle de deux simulateurs de vol.

Alors que le Japon est aux prises avec de graves difficultés financières et que son budget militaire a été annoncé en baisse de 1,7% pour la prochaine année fiscale, laquelle commencera le 1er avril prochain, l’agence Kyodo News a relevé que le ministère de la Défense a prévu une ligne de crédit de 393,7 millions de dollars pour l’aquisition deux premiers F-35A. Ce qui fait, en arrondissant, 196,9 millions de dollars par appareil. Soit une hausse de plus 50%!

L’on ignore si le coût d’acquisition des prochains appareils sera aussi élevé (normalement, selon les estimations du gouvernement japonais et sur la base des commandes en cours, il devrait baisser) ou si les deux autres coûteront moins de 60 millions de dollars pour rester dans les limites des 512 millions (ce qui serait surprenant), il n’en reste pas moins que la note est salée.

Quoi qu’il en soit, les mésaventures de l’avion américain et les déconvenues des pays clients ont rendu Charles Edelstenne, le patron de Dassault Aviation, ironique. « Les difficultés actuelles ne sont qu’un début, car la phase de maturation des systèmes sera bien plus complexe. Le coût unitaire a déjà dépassé celui du Rafale, alors que les quantités commandées pour le F-35 sont plus de dix fois plus importantes… » a-t-il déclaré, selon Challenges, lors de l’Université d’été de la Défense, le 11 septembre.

« Les Américains l’appellent le programme TINA, pour « There is no alternative » a-t-il relevé. Et d’ajouter : « Mais si, il y a une alternative : c’est le Rafale, un avion éprouvé techniquement et financièrement. » Bien sûr, il n’est pas envisageable que le Pentagone acquiert l’appareil français. En revanche, cette boutade du président de Dassault Aviation devrait sans doute faire réfléchir les clients du F-35, qui voient leurs budgets militaires être asséchés par ce projet et les retours industriels promis se mesurer « au pied à coulisse », pour reprendre le mot de Laurent Collet-Billon; le Délégué général pour l’armement.

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