La France favorise les défections de responsables syriens

Désormais ancien plus haut gradé de l’armée syrienne, le général Manaf Tlass, qui fut très proche, par le passé, de Bachar el-Assad, est revenu, le 10 septembre, lors d’un entretien accordé à BFM TV, sur son départ de Syrie et sa défection par rapport au pouvoir qu’il servait jusqu’alors.

« Depuis le début de la révolution, j’ai eu des rencontres avec les révolutionnaires, avec les rebelles, et j’ai senti dès les premiers jours, dès les premiers mois, que le régime mentait à tout le monde. C’est pourquoi j’ai d’abord fait défection en restant dans mon bureau » a-t-il expliqué.

Mais le plus intéressant reste les conditions dans lesquelles il a été « exfiltré » de Syrie. « Des services français m’ont aidé à sortir de Syrie et je les en remercie » a-t-il affirmé. Pour rappel, le général Tlass avait fait défection en juillet dernier, après avoir été écarté de ses responsabilités par le régime syrien car jugé pas assez fiable.

Mais, visiblement, le général Tlass n’est pas le seul à avoir été encouragé à quitter la Syrie. Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de l’ Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a affirmé que la France a « favorisé un certain nombre d’opérations de défections. » Et d’ajouter, sans plus de détail : « Nos services sont actifs ».

Par ailleurs, le patron du Quai d’Orsay a une nouvelle fois déclaré qu’il n’est pas question pour Paris de livrer des armes à la rébellion syrienne. « Sur la question des armements, soyons tout à fait clairs: il nous a été demandé de livrer des armements qui permettraient de détruire des avions. Nous avons dit que nous respections l’embargo (européen) sur les armes » a-t-il avancé.

Pour Laurent Fabius, cela s’explique notamment par le risque que de tels équipements soient susceptibles de tomber entre de mauvaises mains. « Les choses sont à ce point troublées qu’il est très difficile d’être sûr d’avoir en face de soi quelqu’un à qui on puisse les remettre sans que trois mois ou trois semaines plus tard nous retrouvions un avion français abattu par les mêmes armements » a-t-il poursuivi.

« En revanche, a-t-il ajouté, il y a des instruments de communications cryptées, plus des jumelles qui permettent de voir la nuit, plus telle ou telle série de matériel qui a pu être mise à disposition ou qui pourra l’être. »

Selon le général Tlass, qui a lancé un appel pour armer les rebelles syriens, il y aurait parmi ces derniers « 20% d’islamistes ». « Ils ne sont qu’une minorité. Le peuple syrien n’a jamais été un peuple extrémiste » a-t-il plaidé. Sans doute. Mais la réalité semble encore plus compliquée.

Si l’on en croit le témoignage de Jacques Bérès, un chirurgien français cofondateur de Médecins sans frontières (MSF), tout juste rentré d’Alep où des combats entre rebelles et forces loyalistes font rage, des islamistes étrangers sont venus renforcer les rangs de l’insurrection.

Ainsi, le docteur Bérès a précisé qu’environ 60% des blessés qu’il a soignés à Alep n’étaient pas des civils mais des combattants et que la moitié d’entre eux étaient étrangers, dont un certain nombre de ressortissants français.

« Il y a une assez forte proportion de fondamentalistes et de jihadistes (…) Ce qui les intéresse, c’est surtout l’après-Assad, l’établissement d’un régime islamiste et de la charia, en vue de l’Emirat mondial » a-t-il déclaré, en précisant que les « quelques jihadistes français » prennent pour « exemple à suivre » Mohammed Merah, l’auteur des tueries de Montauban et de Toulouse.

Aussi, afin d’éviter un scénario catastrophe en Syrie, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a appelé à la tenue d’une conférence entre tous les acteurs du conflit, c’est à dire avec les représentants de l’insurrection, du régime et des différentes communautés syriennes (chrétiens, druzes, alaouites, sunnites) pour tenter de mettre un terme au conflit.

« Compte tenu des divisions de l’opposition et des armes qui parviennent aux rebelles, le risque d’une somalisation de la Syrie existe, si jamais le régime tombait brutalement demain. Il faut tout faire pour éviter cette désagrégation d’un État centralisé, et son éclatement entre communautés, qui se retrancheraient dans leurs bastions pour se défendre » a ainsi fait valoir Mikhaïl Bogdanov dans les colonnes du Figaro.

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