Grogne dans les rangs de la Bundeswehr

En 2010, l’Allemagne a décidé de réorganiser ses forces armées en abandonnant la conscription afin notamment de les rendre plus facilement déployables sur un théâtre d’opérations extérieur. Cette réforme, qui a été précisée en octobre 2011, prévoit une réduction des effectifs à 185.000 hommes, le recours à des contrats de courte durée et une refonte de la carte militaire. Le tout sur fond de restrictions budgétaires.

Seulement, tout ne se passe pas comme prévu. En premier lieu, les coûts générés par la fermeture d’une trentaine d’emprises militaires s’avèrent plus élevés, notamment pour la remise aux normes des sites concernés. Là, ce sont les Länder (l’équivalent des régions en France) qui trouvent la note trop salée.

Cela ne serait dans le fond pas si grave s’il n’y avait que ce problème. Seulement, la réforme se heurte aussi à d’autres difficultés susceptibles de la mettre en péril. Comme par l’exemple l’objectif non atteint de recruter 15.000 volontaires. Seulement 5.000 jeunes allemands ayant signé pour un engagement de courte durée devraient finir l’année sous l’uniforme.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cet échec. A commencer par un nombre important (plus de 20%) de recrues qui démissionnent après quelques semaines de service, une démographie allemande peu élevée et surtout le faible taux de chômage des jeunes outre-Rhin (8%), qui rend plus compliquée le recrutement.

Une autre difficulté est aussi bien connue en France : pendant que les restructurations se réalisent, les opérations continuent. Or, l’armée allemande est engagée sur (11) 9 (*)théâtres extérieurs différents, ce qui met les effectifs sous tension. Et elle aura également à gérer le retrait de son contingent d’Afghanistan (4.800 soldats), ce qui ne sera pas non plus une mince affaire.

Du coup, et quand l’on ajoute le sentiment d’avoir à faire plus avec moins de moyens, les militaires allemands n’ont pas le moral. D’ailleurs, une enquête vient d’être menée à ce sujet par l’Université technique de Chemnitz à la demande de la Deutscher Bundeswehrverband (l’Association des Forces armées) auprès des 1.768 cadres de la Bundewehr.

Et les résultats sont plutôt préoccupants : 46% ont une opinion négative du processus en cours, jugé par 27,3% d’entre eux comme mauvais, voire même très mauvais. Par ailleurs, 88,1% estiment que ces restructurations ne pourront pas continuer sans correction. Enfin, 76,2% affirment qu’il est difficile de prendre une part active dans cette réforme et que leurs idées ne sont pas prises en compte et 73% trouvent que l’ambiance au sein des troupes n’est pas bonne.

Du côté du ministère allemand de la Défense, cette étude n’a pas surpris. « L’enquête correspond à notre propre image de la situation actuelle » a commenté un porte-parole. « Avec cette réforme, les soldats, les personnels civils et leurs familles éprouvent un sentiment d’insécurité » a-t-il admis.

(*) ISAF, KFOR, EUFOR Althea, Géorgie (observateurs), MINUSS, FINUL, EUTM-Somalie, EUSEC-Congo, Atalante

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