Le Brésil va investir 6 milliards de dollars pour surveiller et défendre ses frontières

Au début du mois, le Brésil a lancé la 5ème phase de l’opération Agata qui aura été, cette fois, d’une ampleur inédite au vu des forces engagées. Pendant un mois, en effet, pas moins de 10.000 hommes (9.000 militaires et 1.000 civils) ont été mobilisés le long d’un tracé de près de 4.000 km le long de la frontière avec l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie.

En toute, trois corps d’armée, des unités de police et une trentaine d’agences fédérales ont été sollicités pour cette opération, qui a également fait appel à des hélicoptères et des avions de combat ainsi qu’à des patrouilleurs de la marine et à un navire hôpital pour assurer des missions civilo-sociales auprès des populations locales.

Le but d’Agata 5 vise avant tout à lutter contre la criminalité frontalière et, par conséquent, à tenter de démanteler les trafics de drogues et d’armes ainsi qu’à combattre l’exploitation minière illégale. Ce qui passe par la recherche et la destruction de pistes d’atterrissage clandestines utilisées pour la contrebande, de bateaux appartenant aux trafiquants et la saisie de produits stupéfiants.

La lutte contre le trafic de drogue est l’une des priorités du Brésil, pays devenu le second consommateur mondial de cocaïne, derrière les Etats-Unis. En 7 ans, le nombre de consommateurs a été multiplié par 10 et le phénomène touche, selon estimations officielles, 1% de la population, qui 191 compte millions de personnes.

Près de 90% de la cocaïne et de ses dérivés (crack) consommés au Brésil viennent de la Bolivie et du Pérou, les 10% restants provenant de la Colombie. Et 80% de la marijuana vient du Paraguay.

Cela étant, ce déploiement de forces militaires importantes le long des frontières n’est pas forcément du goût des pays voisins, même s’ils ont été informés de cette opération et invités à y envoyer des observateurs, ce que la France a fait lors de la phase 4 de cette mission, qui, ayant eu lieu en mai dernier, concernait visait alors les zones frontalières avec le Venezuela, le Surinam, la Guyane et le Guyana.

Mais Brasilia compte aller plus loin en lançant le programme Sisfron (Sistema Integrado de Monitoramento de Fronteiras) qui, doté de 6 milliards de dollars, vise à installer des dispositifs de surveillance le long des 17.000 km de frontières partagées avec 10 pays différents.

La première phase de ce programme a été confiée, le 24 août, au consortium Tepro, emmené par le groupe local Embraer. Il s’agit de développer un système associant des radars terrestres, des capteurs au sol (pour détecter des personnes), des réseaux de télécommunications, des centres de commandement et des drones. Le dispositif devrait être pleinement opérationnel d’ici 2019.

Les défis sécuritaires ne manquent pas au Brésil. Outre la surveillance des frontières, les forces brésiliennes ont encore à protéger les énormes ressources pétrolières off-shore du pays – un nouveau gisement a d’ailleurs été découvert au large de Sao Paulo, la semaine passée, par Petrobas).

Qui plus est, le pays aura encore des efforts à accomplir pour faire baisser la criminalité avant la Coupe du monde de football (2014) et les JO de Rio en 2016. Les gangs brésiliens sont particulièrement dangereux et prêts à tout. En octobre 2009, les membres de l’un d’entre eux n’avaient pas hésité à abattre un hélicoptère de la police à Rio de Janeiro.

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