Un député veut plus de pigeons dans l’armée

De nos jours, on peut compter sur le GPS pour trouver sa route. Mais si jamais le petit boîtier électronique tombe en panne, alors on sera bien content de savoir utiliser une boussole et lire une carte d’état-major, surtout si l’on est en plein cambrousse. La technologie, c’est bien… Mais quand elle marche car sinon, il faut revenir aux fondamentaux, c’est à dire à des techniques plus anciennes, voire rustiques.

C’est pourquoi le député apparenté UMP Jean-Pierre Decool s’est inquiété de savoir, dans une question adressée au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, si « la capacité de communication de l’armée française serait bien assurée en cas de conflit armé, et plus particulièrement en cas de rupture des liaisons téléphoniques, radios, informatiques, et même électriques. »

Autrement dit, se demande le parlementaire, qui avait posé en 2011 une question identique sans avoir obtenu de réponse de la part du ministre de la Défense de l’époque, est-ce que l’on a conscience, en France, de l’utilité du… pigeon voyageur?

La question peut prêter à sourire. Pour appuyer son propos, Jean-Pierre Decool a pris l’exemple de l’armée chinoise, qui a acquis, l’an passé, 10.000 pigeons voyageurs, signe, selon lui, que « pour certains pays, cet oiseau reste un outil militaire d’avenir ».

Pour aller dans le sens du député, cet oiseau peut également être utilisé à des fins de renseignement. En octobre 2008, l’Iran avait ainsi indiqué avoir découvert des pigeons voyageurs « espions » près du site nucléaire de Natanz.

Pour étonnante qu’elle fût, cette nouvelle était cependant plausible. En 1903, déjà, l’ingénieur allemand Julius Neubronner avait eu l’idée de fixer un appareil photographique au cou de pigeons voyageurs. Et ce concept fut repris lors de la Seconde Guerre Mondiale, notamment par les Britanniques, afin de photographier les positions ennemies. D’ailleurs, les autorités allemandes avaient interdit ces volatiles dans les pays occupés.

Quoi qu’il en soit, l’Hôtel de Brienne n’a pas pris à la légère la question du parlementaire. Après avoir rappelé que les « systèmes de télécommunications contemporains sont conçus et développés pour faire face à la multiplication et à la rapidité des échanges qu’imposent les opérations militaires modernes », le ministre de la Défense souligne dans la réponse faite au parlementaire que « la permanence du commandement repose sur des systèmes de communications militaires nationaux multiples et résilients, utilisant des technologies différenciées, possédant leur propre alimentation électrique et aptes à résister aux menaces de type cybernétique ou électromagnétique. » Aussi, « les capacités de communication des armées seraient donc préservées, en cas de crise majeure, quel que soit l’état des infrastructures civiles. »

Pour autant, poursuit le ministre, le pigeon voyageur est « sûr et endurant » et « il a souvent permis de s’affranchir de lignes de communication terrestres non sécurisées ». Aussi, en cas de besoin, la France peut compter sur « près de 20.000 colombophiles amateurs, susceptibles d’apporter un précieux concours en cas de forte fragilisation des réseaux civils de télécommunications », en plus du dernier colombier militaire d’Europe, situé au Mont-Valérien.

Ce dernier a été maintenu grâce à une décision du général de Gaulle (qui ne regrettait pourtant pas « la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages »), lequel avait été convaincu par le lieutenant-colonel Revon. Mais il s’agit avant tout d’un « colombier de traditions et de mémoire », qui, avec une centaine de pensionnaires, est rattaché au 8ème Régiment de Transmission.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]