Les autorités afghanes prennent des mesures pour empêcher les attaques fratricides

Depuis le début de l’année, 13% des pertes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, ont été causées par des attaques dites « Green on Blue », c’est à dire par des hommes portant un uniforme des forces de sécurité afghanes contre des militaires de la coalition.

Au cours des deux dernières semaines, 10 militaires de l’ISAF ont ainsi perdu la vie lors de ce type d’attaques. Ce phénomène inquiète les responsables du Pentagone et il a été évoqué lors de la visite du général Martin Dempsey, le chef d’état-major interarmées américain, à Kaboul, le 20 août dernier.

Pour les autorités afghanes, les tirs fratricides sont également une source de préoccupation étant donné que leurs forces de sécurité en sont les premières victimes. Des policiers et des militaires afghans (ou du moins supposés tels) ont en effet tué, cette année, 53 de leurs camarades lors de 35 attaques différentes, ce qui représente toutefois un pourcentage moins élevé au regard des pertes de l’ISAF si on le rapporte aux effectifs (350.000 hommes).

Quoi qu’il en soit, et après le limogeage d’une commandant de police à Spin Boldak, suite au meutre d’un militaire de l’Otan commis par l’un de ses hommes, le président Hamid Karzaï s’est entretenu avec ses conseillers en matière de sécurité le 22 août pour évoquer le problème. Et une décision a été prise : les dossiers des 350.000 soldats et policiers afghans vont être passés au crible pour démasquer d’éventuels insurgés et… agents étrangers infiltrés.

« Les rapports présentés par les responsables de la sécurité au cours de cette réunion accusent des infiltrés d’agences d’espionnage étrangères d’être responsables de l’augmentation des attaques solitaires » a ainsi expliqué Aima Faizi, le porte-parole du président Karzaï. Et sont implicement visés, sous l’expression « pays voisins », l’Iran et bien évidemment le Pakistan. Chose qui avait été jusqu’à présent négligée étant donné qu’il fallait recruter vite pour que les forces afghanes soient en mesure de prendre le relai de l’Otan et cela, sans trop être regardant sur les antécédents des nouveaux engagés.

Des mesures préalablement prises et annoncées par le général Sher Mohammad Karimi, le chef d’état-major de l’armée nationale afghane (ANA) relèvent également du contre-espionnage. Elles consistent à déployer des agents de renseignement dans les bases et autres postes dans tout le pays afin d’identifier de potentiels éléments dangereux, à écouter les conversations téléphoniques des policiers et des soldats afghans et d’interdire aux nouvelles recrues d’utiliser des téléphones mobiles.

Ces agents du contre-espionnage afghan ont été formés dans le cadre d’un dispositif mis en place dès l’été 2010 par le général américain William Caldwell, qui avait expliqué que leur « unique mission » était de « repérer ceux qui tenteraient de s’infiltrer ou de retourner ceux qui seraient déjà passés dans le camp des taliban ». Autrement dit, le phénomène de ces attaques fratricides inquiétait déjà à l’époque.

Cela étant, les responsables de l’ISAF doutent de l’implication de services étrangers dans ces attaques fratricides. Leurs principales causes seraient liées au stress ainsi qu’aux différences culturelles entre les soldats afghans et occidentaux. Et en Afghanistan, quand il y a une brouille, on a tendance à tirer d’abord et de discuter ensuite…

D’autre part, et selon le général Allen, le commandant de l’ISAF, environ 25% des attaques « Green on Blue » sont le fait d’insurgés infiltrés, alors que ce nombre avait été précédemment évalué à 10%.

« Nous pensons que c’est autour de 25% », a déclaré l’officier, le 23 août. « Ce chiffre de 10% ou 25% est un chiffre que l’on va continuer à préciser (…) pour que l’on ait vraiment une bonne idée de l’importance de la menace ennemie au sein des forces de sécurité afghanes », a-t-il ajouté.

Pour les 75% des cas restants, le général Allen a évoqué « des désaccords, l’animosité qui aurait pu croître entre un assaillant et nos forces en général, ou des motifs personnels. » Et d’ajouter : « La pression quotidienne qui pèse sur certains de ces soldats (afghans), le sacrifice que représente le jeûne (du ramadan, ndlr), notre rythme opérationnel… Tous ces facteurs ont pu se combiner au cours des dernières semaines et expliquer » la hausse de la fréquence de ce type d’attaques.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]