Paris réfléchit à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne sur une partie de la Syrie

Interrogé par France 24, ce 23 août, au sujet de la crise syrienne, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a évoqué l’instauration possible d’une zone d’exclusion aérienne (No Fly Zone, NFZ) sur une partie de la Syrie.

Dans un premier temps, Jean-Yves Le Drian a écarté l’idée d’une « No Fly Zone globale », c’est à dire appliquée à l’ensemble de l’espace aérien de la Syrie. « Cela voudrait dire interdire tout vol sur le territoire syrien, ce qui veut dire clouer l’aviation syrienne au sol, ce qui veut dire, en fait, rentrer en guerre. Cela ne pourrait se faire que s’il y avait une coalition internationale capable de le faire. Pour l’instant, elle n’est pas réunie », a-t-il expliqué.

Toutefois, pour le ministre de la Défense, « l’hypothèse d’une zone particulière autour de laquelle il pourrait y avoir une espèce d’interdit, cette hypothèse émise par (la secrétaire d’Etat américaine) Hillary Clinton mérite d’être étudiée ». « Mais c’est la première fois que les Etats-Unis tiennent ce discours », a-t-il fait remarquer. « Nous sommes en train de réfléchir à tout ça », a pour sa part indiqué, à ce sujet, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française.

Le 11 août dernier, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avait parlé d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, lors d’une visite officielle en Turquie. Mais selon les compte-rendus fait à l’époque, il n’avait pas été précisé qu’il s’agissait d’une NFZ limitée à quelques secteurs syriens.

Cela étant, pour le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie n’est pas « une question d’une urgence brûlante ». En mars dernier, il avait déclaré, lors d’une audition devant le Congrès, qu’une telle opération ne serait pas de la même eau que celle menée en Libye en 2011, étant donné que les systèmes de défense aérienne syriens sont plus sophistiqués que ceux des forces du colonel Kadhafi et qu’en plus, ils sont déployés dans des zones fortement peuplées. Et pour le Pentagone, la priorité est d’éviter que les armes chimiques du régime syrien ne se retrouve dans la nature.

Quoi qu’il en soit, rien ne pourra se faire sans un mandat de l’ONU, condition jusqu’ici posée par le président Hollande à toute éventuelle intervention militaire française. Et la Russie a répété son opposition à toute zone d’exclusion aérienne en Syrie. Est-ce que l’idée d’une NFZ partielle serait de nature à faire changer d’avis Moscou? Rien n’est moins sûr.

Dans le fond, qu’une zone d’exclusion aérienne soit totale ou parielle ne change pas fondamentalement les données du problème et ne réduit pas les difficultés, les défenses anti-aériennes pouvant être déplacées vers le secteur qui serait devenu interdit à l’aviation syrienne.

Enfin, et s’il était question de se passer du feu vert de l’ONU, comme cela avait été le cas pour le Kosovo, même s’il est vrai que le Conseil de sécurité avait voté plusieurs résolutions menaçant Belgrade d’une intervention, il se poserait la question des modalités de la mise en place de cette NFZ ainsi que celle de la participation française, étant attendu que l’on verrait mal Paris se défausser après avoir affirmé réfléchir à cette option. Cela supposerait donc un déploiement de moyens aériens en Turquie, voire en Jordanie, et/ou l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle au large des côtes syriennes. Mais nous n’en sommes pas encore là…

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