Vague d’attentats en Libye

Le 20 août, la voiture d’Abdelahim Rifaï, le premier secrétaire du Consulat égyptien à Benghazi, a été détruite par l’explosion d’une bombe artisanale, laquelle n’a pas fait de victime. L’on ignore la motivation des auteurs de cet attentat, si ce n’est que ce dernier coïncide avec la décision du Caire d’attribuer des fréquences du satellite Nilesat à des chaînes de télévision appartenant à d’anciens responsables du régime du colonel Kadhafi qui ont trouvé refuge en Egypte.

Mais cet attentat n’est pas le seul à avoir été récemment commis à Benghazi, qui fut le fief de la rébellion libyenne en 2011. Ainsi, en juin dernier, quelques jour avant qu’un convoi diplomatique britannique ait été visé par une roquette, les locaux de la représentation américaine établie dans la capitale de la Cyrénaïque ont été la cible d’une attaque réalisée, là encore, au moyen d’une bombe artisanale.

Les auteurs de cet attentat n’ont pas été formellement identifiés. Le vice-ministre de l’Intérieur, Ounis al-Charef, a évoqué, au moment des faits, une possible action de représailles de groupes jihadistes, après l’élimination du numéro deux d’Al-Qaïda, le Libyen Abou Yahya al-Libi, par un drone américain.

Mais une source des services de sécurité libyen a quant à elle pointé les Brigades du cheikh Omar Abdel-Rahman, qui militent pour la libération de ce dernier, détenu aux Etats-Unis pour son implication dans l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. Cette organisation avait également revendiqué le tir de roquettes contre les bureaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le 22 mai, à Benghazi. L’ONG a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs attaques dans le pays, ce qui l’a conduit à suspendre temporairement ses activités.

Toujours à Benghazi, plusieurs responsables des services de sécurité ayant rallié les insurgés après avoir fait défection l’an passé ont été assassinés. Le premier d’entre eux fut le général Abdel Fatah Younes, en juillet 2011. Et le dernier en date est le général Mohamed Hadia, qui, après la chute du régime du colonel Kadhafi, fut nommé responsable de l’armement au ministère de la Défense, a été tué par des inconnus le 10 août. Quelques jours plus tôt, un autre officier de premier rang, le général Khalifa Hifter avait échappé à un attentat.

Il est difficile de dire avec certitude qui est derrière toutes ces assassinats. Il est cependant probable que ces derniers soient réalisés par des factions islamistes qui cherchent à se venger de l’action de ces militaires lorsqu’ils étaient encore fidèles au colonel Kadhafi. Le cas du général Hifter est toutefois différent. Proche de la CIA, ce personnage n’a pas que des amis en Libye et il a déjà par le passé échappé à au moins une tentative de meurtre en Libye.

La piste de jihadistes voulant se venger est d’autant plus probable que le suspect de l’assassinat du général Younes, un certain Salem al-Obeidi, par ailleurs militant islamiste, a été libéré de la prison où il était détenu par un commando armé le 31 juillet dernier. Et comme par hasard, quelques heures plus tard, le quartier général des services de renseignements libyens à Benghazi a été visé par un attentat qui n’a pas fait de victimes. Ce qui laisse à penser que les deux évènements sont liés…

Pour autant, Benghazi n’est pas la seule ville a être touchée par le terrorisme. Le 19 août, un double attentat à la voiture piégée a en effet fait 2 tués et 4 blessés à Tripoli. Les sites visées étaient une académie militaire et le ministère de l’Intérieur. Au début du mois, 3 hommes soupçonnés de préparer des attaques furent pourtant tués par les forces de sécurité près de la capitale libyenne.

Là, ce ne sont pas des militants islamistes qui seraient en cause mais, selon les autorités libyennes, des nostalgiques du régime du colonel Kadhafi, soupçonnés de vouloir entraver la transition démocratique en cours. Pour les derniers attentats, un suspect a a été arrêté et, d’après vice-ministre de l’intérieur, Omar Al-Khadhraoui, il a « reconnu sa responsabilité directe » en avançant qu’il s’agissait pour lui de venger « la mort de son frère, tué dans un raid de l’OTAN. »

Le jour du double-attentat, le même Omar al-Khadhraoui a affirmé disposer « d’informations sur de possibles attaques dans ce genre depuis trois jours » mais qu' »avec le nombre d’armes qui circulent dans le pays, c’est difficile de tout contrôler. » « Nous faisons de notre mieux. Nous ne pouvons pas faire plus » a-t-il ajouté.

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