La Pologne veut sa propre défense antimissile

A plusieurs reprises depuis le début du mois, le président polonais, Bronislaw Komorowski, et son ministre de la Défense, Tomasz Siemoniak, ont évoqué la nécessité de doter leur pays de son propre bouclier antimissile.

« Nous devons posséder cet élément de défense. Il est absurde de dépenser d’énormes sommes d’argent pour le matériel militaire si ce dernier n’est pas protégé contre les attaques les plus typiques et les plus dangereuses – attaques aériennes et de missiles » a ainsi déclaré le présidant Komorowski dans les colonnes de l’hebdomadaire Wrpost, le 4 août.

En 2008, Varsovie a accepté que soient déployés sur son territoire des missiles intercepteurs SM-3 américains , après avoir trouvé un accord négocié avec l’administration Bush. Mais avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, cette décision avait été remise en cause dans le cadre d’une révision du bouclier antimissile, avant d’être finalement maintenue étant donné que la Pologne devrait bel et bien accueillir ces systèmes d’ici 2018. Cela dit, la République tchèque a quant à elle perdu la station radar qu’elle devait recevoir, au profit de la Turquie.

Quoi qu’il en soit, cela a fait dire au chef de l’Etat polonais qu' »en acceptant la proposition américaine, nous n’avons pas pris en compte le risque politique lié au changement de président. Nous avons payé un prix très élevé et ne devons pas répéter la même erreur. »

Lors de la fête de l’armée polonaise, le 15 août, le président Komorowski a une nouvelle fois abordé la question de la défense antimissile. « Nous avons besoin de notre propre bouclier qui dans le même temps ferait partie du système plus vaste de l’Otan », a-t-il précisé. « C’est un projet coûteux mais supportable pour le budget, » a-t-il ajouté.

Pour cela, le président Komorowski table sur les marges de manoeuvres financières que permettra de trouver le désengagement d’Afghanistan des forces polonaises mais aussi et surtout sur la vigueur de l’économie de son pays.

Le fait est, et cela est rarement souligné, l’économie polonaise se porte bien, avec un taux de croissance de son PIB de 4,3% en 2011. Une « performance impressionnante » pour la Commission européenne. Toutefois, le pays a pu bénéficier de 23 milliards d’euros de fonds structurels européens pour préparer l’euro 2012 de football, ce qui a dopé l’activité. Les perspectives pour les années futures sont moins brillantes, avec une croissance estimée entre 2 et 2,7%, ce qui reste cependant supérieur à bien des pays du Vieux Continent.

Cela étant, la Pologne ne pourra pas se doter seule d’une défense antimissile, laquelle coûterait entre 3 et 6 milliards de dollars, selon son ministre de la Défense. Aussi, ce dernier a indiqué, le 11 août dernier, que Varsovie entend mener ce projet « en coopération avec la France, l’Allemagne et d’autres aliées ». Et d’ajouter : « L’Otan soutien ces initiatives permettant d’atteindre ensemble un certain niveau de défense. Il s’agit d’une ‘défense intelligente’ (ndlr, concept de Smart Defense). Cette coopération s’impose lorsque les projets sont si onéreux. »

Le Triangle de Weimar, qui compte la France, la Pologne et l’Allemagne, a déjà fait des propositions pour relancer la défense européenne.

En outre, en matière de défense antimissile, Paris compte déjà sur le système SAMP/T (le Mamba), censé protéger les troupes sur un théâtre d’opérations ou des points sensibles, a lancé un programme de satellite d’alerte avancé pour détecter les départs de missile, sur la base des données recueillies par les deux démonstrateurs SPIRALE lancés en 2009, et prévoit de mettre en service, d’ici 2018, selon le dernier Livre blanc sur la défense, un radar d’alerte avancé.

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