Stars Earn Stripes, l’émission de télé-réalité qui fait polémique

En 2005, TF1 avait diffusé l’émission « Première Compagnie » dont le concept était, grosso modo, de faire subir à 12 « vedettes » en mal de publicité un entraînement militaire, qui fut in fine un mauvais remake des « Bidasses en folie », le climat guyanais en plus, histoire de faire plus « baroudeur » (alors que Sissonne en hiver, ça n’aurait été pas mal non plus…).

Aux Etats-Unis, l’idée de plonger des « vedettes » dans un environnement militaire a été reprise. Mais avec des moyens autrement plus importants. Pour commencer, c’est le général Wesley Clark qui a été désigné pour animer cette émission intitulée « Stars Earn Stripes » (Les étoiles gagnent leurs galons).

Vétéran du Vietnam, ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, responsable, à ce titre, des opérations de l’Otan au Kosovo, où il a l’intention d’investir pour y exploiter du charbon, candidat à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle américaine de 2004, il n’y a pas à dire, le général Clark, c’est autre chose que Laurence Boccolini.

Quant aux moyens, ils sont là aussi sans commune mesure avec ceux de « Première compagnie » étant donné que de vrais hélicoptères, blindés, armes et autres matériels sont utilisés.

Le principe est de faire accomplir aux 8 candidats (dont la fille de Mohamed Ali, le mari de Sarah Palin, Dean Cain, acteur de la série Loïs&Cark) des missions basées sur des scénarios d’entraînement de l’armée américaine afin d’obtenir des gains au profit d’associations caritatives. Pour cela, les compétiteurs sont pris en main par d’ex-militaires, dont Chris Kyle, qui, auteur du livre « American Sniper » est un ancien tireur d’élite des Navy Seals, surnommé le « diable de Ramadi » par les insurgés irakiens, étant donné que le Pentagone lui attribue 180 tués…

Le premier épisode de cette émission, qui, selon le général Clark, est un « hommage aux hommes et femmes servant dans l’armée américaine » a été diffusé le 13 août par la chaîne NBC. Seulement, il ne fait pas l’unanimité outre-Atlantique.

Déjà, pour d’anciens militaires, cette émission élude les vrais problèmes des soldats rentrés d’Irak et d’Afghanistan et donne l’impression d’un jeu vidéo. Quant à l’hommage aux combattants, il semble davantage être un prétexte.

Ce programme a en outre donné lieu à une manifestation rassemblant une centaine de personnes devant le siège new yorkais de NBC. « Six soldats ont été tués vendredi dernier en Afghanistan, ce n’est pas un jeu » a fait valoir Joan Wile, fondatrice des « Grands-mères contre la guerre ». Et d’ajouter : « C’est abominable qu’une grande chaîne de télévision présente une émission faisant de la guerre quelque chose de glamour, pendant que nos jeunes gens meurent dans de vraies guerres. »

« Mon fils est revenu de deux vraies guerres en Irak et Afghanistan, avec la prix de la guerre gravés dans son corps et son coeur, je trouve cela très offensant », a renchéri Sarah Furho, membre du groupe « Military families speak out » (Les familles de militaires se font entendre). Une pétition pour protester contre le programme a d’ores et déjà receuillis plus de 43.000 signatures.

Et l’émission a même choqué des lauréats du Prix Nobel de la Paix, dont l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, Adolfo Perez Esquivel, Rigoberta Menchu, Jody Williams, Mairead Maguire, Shirin Ebadi, Jose Ramos-Horta et Oscar Arias Sanchez, qui ont demandé son annulation en dénonçant un programme qui tente « d’une certaine façon d’aseptiser la guerre en l’assimilant à une compétition sportive ». « La vraie guerre est infiniment mortelle. Les gens – militaires, civils – meurent d’une façon qui n’a rien de divertissant » ont-ils écrit dans une lettre adressée au président de NBC.

Cela étant, la chaîne de télévision a réfuté ces accusations en affirmant que son émission « n’est pas une glorification de la guerre, mais une glorification des militaires ». Au-delà de l’intérêt que l’on peut porter à ce type de programme (et pour en avoir une idée précise, encore faudrait-il l’avoir vu), ceux qui protestent semblent oublier les jeux vidéos ou encore les films tournés à la gloire des forces américaines (et ils sont nombreux!, que l’on pense à Top Gun, aux Bérets verts de John Wayne et à d’autres qui relèvent quand même plus du navet que chef d’oeuvre…)

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