Les confidences du président Poutine au sujet de la guerre de Géorgie

Selon un rapport commandé par l’Union européenne à un groupe d’experts et publié en septembre 2009, il avait été établi que la guerre russo-géorgienne fut déclenchée à l’initiative de Tbilissi par un bombardement de positions tenues par des « gardiens de la paix russes » dans la province séparatiste d’Ossétie du Sud, soutenue par Moscou, au cours de la nuit du 7 au 8 août 2008.

Cela étant, les relations entre la Géorgie et la Russie s’était dégradées au cours des semaines précédentes, avec notamment la perte d’un drone géorgien abattu par un MiG-29 russe au-dessus de (l’Ossétie du Sud) l’Abkhazie, une province refusant également la tutelle de Tbilissi.

Mais le président russe, Vladimir Poutine, qui était Premier ministre à l’époque, a livré quelques confidences, le 8 août dernier, sur les dessous de ce conflit. Ainsi, a-t-on appris, Moscou envisageait déjà une opération militaire en Géorgie quelques mois avant le conflit. « Il y avait un plan, ce n’est pas un secret… C’est dans le cadre de ce plan qu’a agi la Russie » a déclaré le locataire du Kremlin. « Il a été préparé par l’état-major général, fin 2006 ou début 2007. Il a été approuvé par moi et convenu avec moi » a-t-il ajouté.

Autrement dit, l’invasion de la Géorgie avait été planifiée, avec des troupes spécialement préparées pour cela. Mais Vladimir Poutine est allé encore plus loin en admettant pour la première fois que « ce plan prévoyait un entraînement de miliciens populaires ossètes » assuré par des officiers russes. « Nos spécialistes militaires pensaient initialement que ces milices ne pourraient pas aider dans une confrontation entre armées régulières, mais en fait, elles nous ont été fort utiles » a-t-il affirmé.

Le caractère prémédité de cette intervention militaire russe a été confirmé par l’ancien chef d’état-major Iouri Balueyevski, limogé deux semaines avant le conflit par le président Dmitri Medvedev (aujourd’hui Premier ministre), dans un documentaire récemment mis en ligne sur Internet et intitulé « 8 août 2008. La journée perdue » . Ainsi, selon cet officier, l’invasion de la Géorgie avait bel et bien été planifié et les ordres de missions avaient été envoyés aux commandants des unités concernés longtemps à l’avance.

Quoi qu’il en soit, ces déclarations donnent du crédit à la version défendue par Tbilissi, pour qui l’attaque lancée par ses forces en Ossétie du Sud avait été décidée parce que des troupes russes s’apprêtaient à pénétrer en Géorgie, pays qui demandait alors son intégration au sein de l’Otan. C’est très probablement cette volonté qui explique en partie les préparatifs russes d’invasion. Une autre raison est la volonté de Moscou de répondre aux Occidentaux à la reconnaissance, par certains d’entre eux, de l’indépendance du Kosovo.

Depuis le conflit, les forces russes se sont installées durablement en Ossétie du Sud et en Abkhazie, deux provinces géorgiennes séparatistes, l’image du président Saakachvili, qui comptait sans doute sur un soutien militaire américain, a été passablement dégradée et Tbilissi a toujours le statut de candidat à l’adhésion à l’Otan.

A ce sujet, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait part de son inquiètude, en avril dernier. « Dans leurs documents, nos partenaires de l’Otan mentionnent toujours la Géorgie parmi les soi-disant aspirants. Cela nous rend perplexes et nous alarme même parce que la remilitarisation de la Géorgie après la guerre de 2008 se produit très rapidement » a-t-il en effet déclaré en avril dernier, à l’issue d’une réunion du Conseil Otan-Russie.

En réaction aux propos tenus par Vladimir Poutine, Tbilissi a appelé « la communauté internationale à continuer d’exercer des pressions sur la Russie pour qu’elle retirer ses forces d’occupation de la Géorgie et qu’elle respecte l’intégrité et la souveraineté territoriale de ses voisins. Le renforcement des positions militaires dans les régions sécessionnistes est considéré comme une ‘menace grave’ et immédiate à la sécurité de la Géorgie ».

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