Afghanistan : Le nombre de victimes civiles est en baisse pour la première fois depuis 5 ans

Selon les chiffres publiés le 8 août par la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama), le nombre de victimes civiles du conflit afghan est en baisse pour la première fois depuis 5 ans. Un rapport publié en mai dernier et portant sur les 4 premiers mois de l’année laissait déjà entrevoir cette évolution.

Ainsi, au cours du premier semestre 2012, 1.145 civils ont été tués, soit 365 de moins par rapport à la même période l’an passé. Si l’on prend en compte l’ensemble des victimes (tués et blessés), ce nombre est en baisse de 15%.

« C’est la première fois que nous assistons à un déclin soutenu du nombre de victimes civiles. Cela inverse la tendance de forte augmentation observée ces cinq dernières années », a déclaré James Rodehaver, le chef du département des droits de l’homme de l’Unama.

Dans le détail, les insurgés afghans sont responsables de 80% des victimes, contre 10% pour les forces pro-gouvernementales et celles déployées dans le pays sous l’autorité de l’Otan, le reste étant indéterminé. D’une étude à l’autre, ces statistiques restent quasiment identiques.

Pour l’Unama, cette baisse s’expliquerait par « l’affaiblissement des forces anti-gouvernementales », lesquelles seraient minées par des divisions internes (en particulier chez les taliban) et l’hiver rigoureux qui a « entravé les capacités opérationnelles des insurgés ».

Pour le premier élément avancé, les choses ne sont sans doute pas aussi claires. En effet, de janvier à avril 2012, les forces de sécurité afghanes ont subi de lourdes pertes, avec 853 hommes tués (635 policiers et 218 soldats).

Et selon la Force internationale d’assistance à la sécurité, la coalition dirigée par l’Otan, le nombre d’attaques commises par les insurgés a augmenté de 11% entre avril et juin par rapport à la même période, l’an passé. Et au cours du premier semestre, celui des attaques ciblées, qui visent des responsables gouvernementaux, a progressé de 53%.

« Il y a des groupes armés différents avec des objectifs différents. Donc, il n’est pas facile de décrypter exactement la stratégie derrière. Mais on voit bien qu’il y a de plus en plus de membres du gouvernement qui sont visés. Il y a donc une volonté très claire de limiter les attaques contre les civils qui ne sont pas affiliés au gouvernement. Cependant, selon les règles internationales, ces attaques restent illégales et interdites » a estimé Trevor Keck, chercheur pour l’ONG américaine Civic, dont les propos ont été rapportés par RFI.

En fait, il semble que, sachant que l’ISAF aura quitté l’Afghanistan avant la fin 2014, les mouvements insurgés cherchent à porter des coups aux forces de sécurité afghanes tout en tentant d’épargner les populations civiles. Comme l’a confié récemment à l’AFP Waheed Mujda, un analyste, il s’agit ainsi de « démoraliser » les militaires et les policiers afghans et de « créer la peur afin que personne ne les rejoigne ».

Par ailleurs, il s’ajoute aux violences causées par l’insurrection des conflits inter-éthniques doublés de différends fonciers qui n’augurent rien de bon pour la suite. Ainsi, dans la province du Wardak, les Kouchis, une tribu nomade d’éthnie pachtoune (majoritaire), s’opposent violemment aux habitants sédentaires hazaras (chiites, 15% de la population).

Le village de Kajab a ainsi été détruit, en juin dernier, par 2.000 Kouchis armés jusqu’aux dents. « Ces attaques ont clairement été menées avec le soutien du gouvernement » a accusé Ghulan Hussein Nasseri, un député hazara du district de Behsoud, là où ont été commises les exactions, en soulignant que les forces de sécurité afghanes ont mis 19 heures pour arriver sur les lieux après avoir été prévenues.

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