Imbroglio autour du canon « Baba Merzoug »

Depuis 1833, il fait partie du paysage de l’arsenal de Brest. Saisi le 5 juillet 1830 lors de la conquête de l’Algérie, le canon « Baba Merzoug », encore appelé « La Consulaire », y a en effet été déplacé par l’amiral Guy-Victor Duperré pour y être fondu et tranformé en une colonne surmontée d’un coq.

Cette gigantesque pièce d’artillerie (12 tonnes, 7 mètres de long et une portée de 4,8 km) avait été commandée par Baba Hassan à un fondeur vénitien puis installée en 1542. Son nom « La Consulaire » lui vient d’un épisode remontant au XVIIème siècle. A l’époque, le père Le Vacher, consul représentant le roi Louis XIV à Alger, fut exécuté en étant placé devant la bouche de ce canon, quelques instants avant un tir sur la flotte française commandée par l’amiral Duquesne.

Depuis l’indépendance de leur pays, dont c’est le 50e anniversaire cette année, les Algériens souhaiteraient récupérer le Baba Merzoug. Ainsi, la Fondation Casbah, soutenue par Algérie Telecom, milite pour que ce canon revienne à Alger, ce que les autorités françaises ont jusqu’à présent toujours refusé.

Sauf que, le 6 août dernier, une conseillère du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a en quelque sorte mis le feu aux poudres en avançant, lors d’un entretien accordé à Ouest France, qu’une requête officielle visant à récupérer le Baba Merzoug est en cours d’examen.

« Une demande officielle des autorités algériennes a été déposée au Quai d’Orsay début juillet » a-t-elle ainsi avancé. « L’instruction du dossier suit son cours normal » a-t-elle ajouté.

Du côté du ministère de la Défense, l’on fait valoir, affirme Ouest France, que cette pièce d’artillerie « fait partie de l’histoire de la Marine nationale », laquelle aura « son mot à dire dans ce dossier ». Et le quotidien d’avancer que ce dernier est instruit en relation avec le ministère des Affaires étrangères, en relation avec l’Hôtel de Brienne, propritaire du « Baba Merzoug ».

Seulement, le Quai d’Orsay « n’a pas reçu de demande officielle des autorités algériennes en vue de la restitution de ce canon », a-t-on affirmé, lors du point presse quotidien, en réponse à une question portant sur le Baba Merzoug.

Ce qu’un porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères a semble confirmer. « Les officiels algériens n’ont pas tenu à réagir à ces déclarations parce que cette information relative à une prétendue demande officielle algérienne de restitution du canon Baba Merzoug est le fait d’une responsable d’un département ministériel français qui cite, comme source, un autre département ministériel français » a-t-il déclaré. « Pour résumer, disons qu’il s’agit, pour le moment, d’une affaire franco-française et il appartient donc à la partie française d’en clarifier les tenants et les aboutissants » a-t-il ajouté.

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