Il manque 130 millions d’euros aux bases de défense pour finir l’année

Pierre angulaire de la réforme des armées et, en particulier, celle de la carte militaire, le concept de bases de défense a fait l’objet d’un rapport d’évaluation qui vient d’être publié par le Sénat.

Les 60 bases de défense (BdD) qui ont été mises en place au 1er janvier 2011 visent à mutualiser les fonctions de soutien aux unités présentes dans un périmètre géographique défini afin de générer des économies, lesquelles doivent être en principe réinvesties dans l’achat d’équipements.

Pour le moment, les bénéfices de cette réforme sont difficiles à évaluer et le moins que l’on puisse dire est que, selon ce rapport du Sénat, son application se fait dans la douleur, dans la mesure où elle bouscule les habitudes, pour ne pas dire qu’elle les bouleverse.

« L’irruption d’une organisation matricielle dans un univers hiérarchique a bousculé des modes de fonctionnement ancestraux » ont estimé les rapporteurs, qui sont les sénateurs André Dulait (UMP) et Gilbert Roger (PS). « La réorganisation concomitante et parfois cacophonique des chaînes ‘métiers’ du ministère de la défense (finances, ressources humaines…) a contribué à installer une impression de désorganisation généralisée qui n’est pas seulement imputable à la mise en place des bases de défense » ont-ils ajouté.

Si plusieurs « ratés » ont été constatés par les parlementaires, pour qui « déployée sans que les outils nécessaires, en particulier informatiques, aient atteint leur phase de maturité, la réforme a été nécessairement été plus douloureuse pour les personnels », il n’en demeure pas moins que le soutien aux forces engagées dans des opérations extérieures n’a pas eu à souffrir de cette nouvelle organisation, ce qui « mérite d’être souligné avec force ».

Cela étant, les deux sénateurs ne préconisent pas un retour en arrière, ni même une « remise à plat » qui serait « une réforme de la réforme », et plaident plutôt pour « des mesures de consolidation et d’approfondissement. » Ainsi, par exemple, le rapport prône de maintenir le nombre de BdD à son niveau actuel alors que la Cour des comptes avait estimé, l’an passé, qu’il serait plus judicieux de le réduire afin d’accroître leur efficience économique.

Mais le problème le plus urgent auquel les commandants des BdD doivent faire face est le manque de crédits. D’après le document, à partir de septembre prochain, ils n’auront plus d’argent pour faire tourner leur boutique.

En effet, le budget de 650 millions d’euros alloué aux 60 BdD sera insuffisant pour terminer l’année. Les rapporteurs estiment qu’il manquera la somme de 130 millions d’euros pour faire le joint.

Comment en est-on arrivé là? Le rapport avance au moins deux raisons, dont « une exécution 2012 obérée par des reports de dépenses de 2011 » et une « enveloppe budgétaire sous-dotée », conséquence d’une « certaine tendance à sous-évaluer les dépenses de soutien pour préserver les dépenses d’investissement ». Du coup, comme les BdD ont des dépenses incompressibles, leurs commandants ont recours à des « expédients », dont le document donnent plusieurs exemples.

Ainsi, la BdD de Tours a été contrainte de prendre des « mesures d’économies et de restrictions » afin de « rester dans la cible des crédits ‘espérés » de 10,3 millions d’euros (9,4 millions de budget + une rallonge de 0,9 million qui n’a pas été encore accordée). Selon le document, « ces efforts se sont traduits par un entretien limité des infrastructures (contrôles réglementaires et entretien curatif des installations dangereuses), par le non-renouvellement du mobilier vétuste, par les restrictions d’emploi des véhicules de la gamme commerciale, par la revue des prestations externalisés sur marchés et par l’application stricte des périodes de chauffe. »

Le cas de la BdD de Brest-Lorient n’a pas été abordé dans le rapport mais, en mars dernier, l’on apprenait ainsi que son budget avait été diminué de 20% pour 2012, passant de 59,7 à 47,1 millions d’euros. Et le contre-amiral commandant la structure d’évoquer à l’époque la résiliation de « tous les marchés de gardiennage et de nettoyage » confiés à des entreprises privées (5,9 millions d’économies), la réduction de 20% de la consommation de carburant et une annulation de 30M des besoins d’entretien.

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