Une chaire « Cyber Défense » aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan

Sous la présidence du général Bertrand Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre, et avec la présence de responsables de Thales Communications & Security et du groupe Sogeti, le Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC) a inauguré, le 2 juillet, une chaire « Cyber Défense », dont le titulaire sera Daniel Ventre, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de cette question.

La création de cette chaire, cofinancée par Thales Communications & Security et Sogeti à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros chacun, vise à développer les enseignements dans le domaine de la cyber défense dans le cursus des élèves officiers de Saint-Cyr Coëtquidan, à proposer une formation continue à l’intention des décideurs publics et privés, à mettre en place un programme de recherches de haut niveau en partenariat avec d’autres acteurs et d’installer, à terme, un centre d’expertise.

Les réseaux et les systèmes informatiques ont pris une place prépondérante dans les sociétés modernes, au point qu’ils en constituent leur talon d’Achille. Il suffirait, par exemple, de s’attaquer à la distribution d’électricité pour mettre un pays à genoux. Aux Etats-Unis, où l’administration Obama a fait de ce dossier une priorité, un commandement dédié à la cyber défense a été récemment créé avec l’US Cyber Command. De son côté, l’Otan a mis en place un centre d’excellence dédié à la cyberdéfense coopérative (CCD COE) en Estonie.

En France, c’est l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), créée par décret en juillet 2009, qui est en charge de mettre en oeuvre la politique de Lutte informatique Offensive / Lutte Informatiauqe Défensive (LIO/LID).

Et si l’on parle beaucoup de protection des réseaux informatiques contre des attaques malveillantes pouvant paralyser la distribution d’électricité ou des sites industriels, il est aussi question de mettre au point des cyber-armes, comme le virus Stuxnet, qui a freiné le programme nucléaire iranien. Et, alors que l’on parle de « numérisation de l’espace de bataille », l’on peut imaginer une action visant à mettre à bas le réseau de communication adverse, ou mieux encore, à lui envoyer de fausses informations ou prenant le contrôle de ses drones. Ou encore de perturber une défense aérienne en empêchant ses radars à envoyer des données à ses batteries de missile sol-air. Le Pentagone a d’ailleurs étudié cette option au moment de l’affaire libyenne, l’an passé.

Quoi qu’il en soit, la création de cette chaire à Saint-Cyr Coëtquidan va permettre de répondre à un réel besoin, dans la mesure où la France peine à former suffisamment de spécialistes en la matière (il en faut 1.250 dans les 5 ans pour le seul ministère de la Défense), au point qu’Eric Filiol, le directeur de recherche à l’Ecole supérieure d’informatique, Electronique, Automatique (ESIEA) a proposé, en septembre dernier, de recruter des hackers, comme l’a d’ailleurs fait le Government Communications Headquarters (GCHQ) britannique.

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