L’escadrille SPA 15, une centenaire toujours d’attaque

Quelques jours après le 2/33 Savoie, c’est au tour de l’Escadron de Chasse 1/7 « Provence », basé à Saint-Dizier de fêter, ce 25 juin, le centenaire de l’une de ses escadrilles, à savoir la SPA 15, laquelle a traversé les différentes réformes et autres bouleversements de l’armée de l’Air sans jamais avoir été dissoute.

Créée le 22 août 1912, à Reims, cette escadrille est, dans un premier temps, dotée d’avions « Robert Esnault-Pelterie », ce qui lui vaut d’être appelée « REP 15 ». Quand vient la Première Guerre Mondiale, en août 1914, elle est affectée à la Vème Armée et effectue de nombreuses missions de reconnaissance, comme de la bataille de Charleroi et de celle de la Marne, sous les ordres du capitaine André Geibel.

Passée sous l’autorité de la Xème Armée à l’automne 1914, elle est engagée sur le front de l’Artois et reçoit des avions Morane-Saulnier type L. Elle prend alors l’appelation de MS 15.

Commandée par le capitaine du Peuty, elle prend une part active aux offensives de l’armée française tout au long de l’année 1915, et en particulier en Artois. Outre les tâches de reconnaissance, elle effectue aussi des missions de chasse.

En 1916, devenue N-15 après avoir été dotée d’avions Nieuport 10, elle est engagée dans le secteur de Verdun de mars à avril, puis dans celui de la Somme, en juillet. C’est à cette époque qu’elle adopte l’emblème représentant un heaume de chevalier à grand panache et qu’elle fait sienne la devise de Bayard : « Sans peur et sans reproche ».

Affectée au Groupe de Chasse 13, l’escadrille est engagée, en 1917, dans l’offensive du Chemin des Dames. En octobre, elle change une nouvelle d’avions et adopte le Spad VII. Elle prend alors définitivement l’appellation de SPA 15.

Le Spad VII s’impose comme étant un excellent appareil. L’as français René Fonck, dont l’arrière petit neveu commande actuellement la SPA 15, a dit de cet avion « qu’il change complètement le visage du combat aérien ». De nouvelles tactiques pour tirer profit de ses performances sont alors élaborées. Pour autant, l’escadrille reçoit, quelques mois plus tard seulement, le SPAD XIII, doté d’un moteur encore plus puissant ainsi que d’une seconde mitrailleuse.

A la fin du conflit, la SPA 15 compte 80 victoires homologuées, 7 pilotes qui peuvent revendiquer le titre d' »As de la chasse » et 3 citations à l’ordre de l’armée, ce qui l’autorise à porter la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918.

Après avoir changé à plusieurs reprises de régiment au cours des années 1920, elle devient la 1ère escadrille du Groupe de Chasse I/7 en octobre 1932. Lors de la Campagne de France de mai-juin 1940, la SPA 15 est à Rayak, en Syrie.

En octobre 1941, le GC I/7, qui a obtenu la Croix de guerre 1939-1940 avec palme, est dissous. Mais ce n’est pas le cas de la SPA 15, puisque, passée dans les rangs de la France Libre, elle arme le groupe de chasse Alsace des Forces aériennes françaises libres (FAFL). Elle reprend alors le combat en Tunisie, sous l’appellation « Escadrille Bayard ».

Le 16 septembre 1943, la SPA 15 retrouve le GC I/7, reconstitué en Algérie. Avec ses Spitfire, elle assure des missions au profit du Coastal Command de la Royal Air Force.

A l’été 1944, elle couvre le débarquement en Provence puis prend part aux campagnes de France et d’Allemagne. Elle est la dernière unité de la chasse française à effectuer une mission de guerre en mai 1945. Quelques mois plus tard, la SPA 15 est en Indochine, toujours avec le GC I/7 « Provence », à qui est attribué la Croix de guerre TOE avec palme. A noter que cette unité a eu brièvement en dotation quelques chasseurs japonais, des Nakajima ki-43 « Hayabusa », ce qui est unique dans l’histoire de l’aviation française.

En 1946, la SPA 15 est déployée à plusieurs reprises en Afrique du Nord. Elle vole sur différents modèles d’avions, dont le Spitfire, le P-47 Thunderbolt et le Mistral (un dérivé du De Haviland Vampire britannique). En 1961, elle reçoit ses premiers Mystère IV, puis 12 ans ans plus tard, elle devient la première unité de l’armée de l’Air à être transformée sur Jaguar. Elle assure alors des missions de pénétration nucléaire tactique tout en étant fréquemment amenée à participer à des opérations en Afrique.

En 1991, avec la 7ème Escadre de Chasse, la SPA 15 est engagée dans la guerre du Golfe. Puis elle enchaîne, de 1993 à 1999, avec les conflits qui ont alors éclaté dans les Balkans. En 2005, elle est la première escadrille de l’armée de l’Air à être déclarée opérationnelle sur Rafale. Et c’est avec cet appareil qu’elle sera déployée à plusieurs reprises en Afghanistan, dans le cadre de l’opération Pamir, et qu’elle réalisera, en 2011, lors des évènements en Libye, plus de 1000 heures de vol en 199 sorties.

La cérémonie marquant le centenaire de la SPA 15 et qui sera présidée par les généraux Paul Fouilland et Hugues Néret, respectivement, commandant les forces aériennes stratégiques et, commandant la brigade de l’aviation de chasse, sera aussi l’occasion de remettre officiellement le fanion de la SPA 162 Tigre à l’EC 1/7 Provence, qui perdra dans le même temps la SPA 91, dont les traditions seront reprises par le Normandie-Niémen.

Enfin, l’EC 1.91 « Gascogne », qui met en oeuvre le missile ASMP-A, recevra également le fanion de la SPA 37 « Charognard », qui était auparavant intégrée à l’EC 1/4 Dauphiné, dissous en 2010.

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